L’autre fois, j’étais dans le RER et y'a une grosse Roumaine qu’est entrée pour faire la manche. Rien qu’à sa gueule, on savait tout de suite qu’elle allait pas récolter un copeck. Elle hurlait à tue-tête dans le wagon avec sa voix plaintive et tout le monde avait envie de la tuer.

Moi pas argent, plein enfants à nourrir, vie pourrie, crise économique, sivouplé, merci et bonne journée

Elle aurait pu se suicider en direct que personne aurait bougé. On pouvait presque lire dans la tête des voyageurs des trucs comme Tu nous fais chier, personne t’a demandé de venir en France, je financerais jamais ton réseau de roumains, etc. Cette chape de mépris était telle que l’espace d’un instant, j’ai caressé l’idée de lui filer la pièce. Je suppose que si je l’avais fait, je me serais limite fait huer par les gens. Mais bon, j’ai serré les dents, j’ai maudit ma faiblesse et j’ai récité mon couplet de "Show No Mercy" :

Stalking the night can't you feel I'm near
Watching each step that you take
I take lives and show all no mercy this night
Attack those not knowing my force

Et il s’est passé un truc : la grosse Roumaine - devant le bide, face à ce mépris total, cette indifférence insultante – s’est tapée le front contre la vitre du train et de grosses larmes ont roulé le long de ses joues. Et ça m’a fait de la peine.

Bien fait pour ta gueule, si tu crois qu’on va marcher à ton cinéma, retourne dans ton pays de merde !

Je me suis dit que la vie était quand même pas facile pour certaines personnes. Lorsque la grosse Roumaine a tourné la grande roue du Destin, on peut dire qu’elle a pas été très mouleuse. J’ai eu (un peu) envie de la prendre dans mes bras, j’avais envie de lui dire que le plus simple, c’était le gaz. Tout de suite. J’avais envie de lui dire qu’une pièce ou deux changerait rien à son problème, que plus ça irait et plus ce serait dur, de plus en plus dur et qu’on pouvait rien y faire. Et elle, non plus.

J’ai eu cette même sensation de « gêne » avec le nouveau FUNERAL FOR A FRIEND. D’ailleurs, avec sa voix plaintive et sa musique pénible, "Memory & Humanity" me rappelle un peu cette grosse Roumaine. J’ai bien essayé une autre introduction où je parlerais de la « responsabilité » des majors qui produisent des merdes notoires, mais je trouve mon exemple de la grosse Roumaine plus parlant. Oui, je me justifie dans mes chroniques en « direct live ».

Je voudrais essayer de dire un truc positif sur cet album des petits Gallois qui font du Néo qui pue, que je ne pourrais pas faire plus de deux lignes (même en vannant). C’est INTRINSEQUEMENT mauvais et pathétique. Et le problème de fond, c’est le talent. Un peu comme pour ma grosse Roumaine, la grande roue du Destin s’est bien foutue de leur gueule. Musicalement, c’est du zéro pointé. Et encore, c’est pas sympa pour le zéro.
Reste qu’il s’agit tout de même du 4e album de FUNERAL FOR A FRIEND et que personne ne leur a rien dit. Y'a même des gens qui achètent leurs CDs et vont à leur concert. C’est très charitable de leur part, mais au bout d’un moment, faudrait penser à arrêter ce soutien caritatif.

Alors ouais, c’est vrai, les premiers albums étaient pas aussi mauvais que je le sous-entends. D’ailleurs, ca vaudrait presque le coup de s’épancher dessus pour analyser la vacuité d’un tel groupe et comprendre comment on a pu logiquement arriver à un tel état de médiocrité. On en arriverait probablement à montrer du doigt les mecs d’Atlantic Records qui font semblant de rien en incitant le groupe à continuer et à oser mettre des albums pareils dans les bacs. Ca me rappelle un peu ces films de commande produits à la va-vite par les gros studios hollywoodiens qu’on balance en salles dès que l’actualité le permet.

Bref, "Memory & Humanity" est un album d’une rare nullité. J’espère que les gars de FUNERAL FOR A FRIEND ont un plan B (genre reconversion ou projets personnels) parce que, bon là, avec un album de cette trempe, même le premier Kevin du Net va finir par se rendre compte que CDLM.

Note : 0,5/5 (0,5 pour le « son » qui est bon et la pochette que je trouve jolie)

Morceaux à brûler : tous.