C’est mon premier tribute et je suis fier. Je pouvais pas écrire sur un tribute à METALLICA, c’est pour les gros chroniqueurs, pas non plus sur un IRON MAIDEN parce que de toute manière, je ne connais pas tous les morceaux sur n’importe quel de leurs tributes (ou comment perdre tout respect en deux lignes). Les tributes de black metal par des groupes de black, c’est plus un panégyrique du son qu’autre chose, enfin les tributes à OPETH, ça n’existe pas encore si je ne me fourvoie pas. Bref, c’est mon premier tribute et vraiment, je suis fier de rejoindre l’assemblée des chroniqueurs ayant survécu à cette ordalie (carrément).

Et, parfaitement, un tribute à SKEPTICISM. Le groupe qui, à la sortie de cet album, n’en avait sorti que trois, et pas bien gros avec ça. Mais c’est toutefois un projet que j’ai patiemment suivi, car l’idée a germé il y a bien longtemps (en 2001 pour être exact) et a subi de très longs retards, dont je ne me rappelle plus la cause -probablement des clés USB volées dans des centres de tri-, tant et si bien que la chose ne vit que difficilement le jour, au forceps. Mais mon engouement était né alors que le responsable du projet laissa filtrer un ou deux titres singés par d’obscures formations.
Le mot est faible d’ailleurs, car à part SHAPE OF DESPAIR, nos bons concitoyens MONOLITHE et l’autre débile d’AARNI, et il me semblait bien avoir lu les noms de DARKFLIGHT et NEST également, il nous reste une belle congrégation d’anonymes qui, à défaut de décupler un engouement, étoffe bien une liste de groupes de doom.

Un petit tour du propriétaire est nécessaire pour discerner le découpage : deux titres du premier album, quasiment tout le second, deux du troisième, une sainte-grenade d’Antioche et même un vieux titre d’une vieille démo du groupe, laquelle je n’avais encore jamais écoutée.

Maintenant, place au massacre. C’est bien un massacre oui, inutile de faire l’autruche. Mais stop, avant de commencer à arracher les sièges de leurs gradins et à balancer des fumis, on s’arrêtera quelques instants sur NEST qui introduit le projet, car c’est en tout et pour tout la seule pièce intéressante de l’album. NEST reprend "The Gallant Crow", fantastique morceau de "Stormcrowfleet", en acoustique. Avec cette touche légèrement folklorique, matinale et brumeuse, similaire à celle de TENHI, NEST a fait (attention, c’est drôle) un boulot extraordinaire et s’approprie le titre, le relâchant littéralement transformé, embué d’une nouvelle ambiance, aux antipodes de celle de SKEPTICISM. Incroyable.

Cette écoute accomplie, on peut se révolter en bons hooligans de la musique.
Bouh les groupes qui font tous la même chose ! Bouh les groupes qui placent un clavier NIGHTWISH n’importe comment ! Bouh le funeral doom et ses vilains codes ! Bouh les petites pépites de SKEPTICISM écrasées, broyées et fondues pour obtenir un tas informe de son boueux, d’instruments grabataires et de teneur en originalité à 0,00001%. Bouh !
Mais c’est plutôt utile ces tributes finalement, c’est un peu comme le MoDem pendant les élections présidentielles, c’est sans espoir mais ça permet de se compter, de voir qui est là, qui s’en fout, qui est motivé. Les motivés ici, ce sont tous de bonnes petites têtes blondes, tous correctement habillés et correctement nourris au son SKEPTICISM, TYRANNY et SHAPE OF DESPAIR (tiens, ben on les aperçoit au fond là, en train de se goinfrer de jambon cru). Pas un épi, pas un bout de chemise débraillé. On en a bien vu un ou deux qui se prenaient pour les rois du monde en jouant un clavier pompeux ou en bourrinant de trop et on a bien AARNI qui sauve l’honneur mais vu qu’il est abruti ça ne compte pas ; tout ceci ne suffisant pas à aérer l’ambiance sévère et austère de la soirée.

J’emprunte donc la phrase passe-partout qu’on s’échange entre chroniqueurs, celle qui peut conclure n’importe quelle chronique de tribute : "Entering the Levitation", c’est pour les fans. Quant à ceux qui connaissent à peine le groupe, revenez quand vous connaissez et ensuite seulement, décidez de ne pas l’acheter.