Il faut toujours se méfier des groupes tout étoile, la formule des vedettes qui se réunissent est aussi douteuse et risquée que de croiser deux races animales parfaites : le résultat peut être désastreux, l'élastique peut se rompre quand on l'étire trop. L'important en musique, comme en sport, est la complicité et la magie qui naît d'improbables réunions d'êtres imparfaits. TENET est un nouveau combo tout étoile formé par Jed Simon, dont les membres n'ont évidemment plus besoin de présentation. Ils ont officié avec des légendes telles que TESTAMENT, STRAPPING YOUNG LAD, EXODUS, DEATH… Voici donc la fusion des talents de Souza-Simon-Alvelais-Stroud-Hoglan et le premier opus qui en est issu, "Sovereign".

Étant donné que le pedigree du quintette est concentré à 90% dans le Death/Thrash/Extrême, pas étonnant que TENET balance la purée sans trop de gêne en demeurant dans sa « zone de confort », si elle en est une. Les guitares et la basse sont étourdissantes alors que le jeu de Gene Hoglan est à la hauteur, comme toujours, aussi inventif qu'il peut l'être dans ce concept. Wow, la surprise… On ne se trompe pas avec l'expérience !

Après trois premières plages assez moyennes et semblables sur lesquelles le chant détestable de Steve Souza a déjà fait son effet sur notre patience et que les rapprochements avec les influences communes ont été effectués, TENET enchaîne avec deux petites déflagrations (les meilleures du skeud), "Unnameable" et son riff ravageur et sa finition (« I am my father's son !!! »), ainsi que "Take A Long Line" et son refrain ultra accrocheur entonné en chœur rapide sous couvert de riffs coupants. Ces deux pistes valent à elles seules l'écoute de l'album, elles déchirent sévère. J'avoue que "Being And Nothingness" est percutante également et remplit parfaitement son rôle de bougie d'allumage. Du bronze pour elle donc.

Byron Stroud fait ensuite résonner sa basse sur "Going Down", pièce au tempo plus lent, très Death et très ennuyant, alors que Jed Simon et Glen Alvelais prennent le relais sur "Hail! Hail", que je soupçonne d'ailleurs d'être un hommage à SYL tellement la trame et le riff ressemblent à quelques compos du défunt groupe mené par môssieur Townsend, le même qui est occupé à tisser sa quadrilogie avec son nouveau PROJECT solo. Pas mal du tout, ça déplace de l'air ! Or, Steve Souza est toujours aussi difficile à sentir même si son style cadre très bien avec l'ensemble ; ses cris de corneille tapent sur le gros nerf à la longue. Sauvé est-il heureusement par la virtuosité des gratteux et la maîtrise du géant aux fûts.

"Sovereign" est un bon album y'a pas à discourir des heures là-dessus. Ses neuf craques, pour 34 minutes, s'écoutent tout seul, exception faite de "Going Down". C'est simple, carré, riff, hurlement, refrain, solo, hurlement, refrain, solo, suivante. De la musique de taré réalisée par des vieux de la vieille, des vétérans démontrant qu'ils ont encore de la sève juvénile dans le sang. Ça fait presque sourire quand on remet le tout en contexte. On dirait que Jed Simon essaie de se prouver quelque chose, d'ajouter une corde à son arc, qui sait… Mais TENET ne sera pas une carte de visite ni de sortie pour lui et ses potes, plutôt un tiret de plus à son curriculum. Car même s'il balance la purée sans trop de gêne, il n'a pas le charme des groupes précités et répète des paroles cent fois entendues.

Que dire sinon que TENET entre et sort rapidement de votre tête ? Espèce d'album défoulement à garder tout près pour les périodes chiantes de la vie. Ça en prend des échappatoires comme ça, c'est essentiel.