Jadis, naguère, il y a de cela quelques ères-époques, longtemps toutefois après que les dragons aient soufflé leur premier brasé sur notre Terre pierreuse, je vous présentais avec excitation et fierté peu dissimulée le combo Thrash Prog américain VEKTOR. Je me disais alors que ce Metal complètement déjanté, inspiré de l'immensité intersidérale, resterait pendant de longues années la seule pierre d'assise de cette jeune frange de Thrash.

Eh ben… Naïf étais-je… Car six ans après la création de VEKTOR, un an après la sortie de "Black Future", naissait à St-Louis BLACK FAST, nouvel étalon inspiré par le côté le plus obscur du Thrash.

La musique de BLACK FAST est avant tout solide. Solide comme une salle de bain dont les tuyaux ne fuiront jamais, comme une cave en pierres du XIXème siècle qui vous fournira toujours la fraîcheur nécessaire pour entreposer vos millésimés et organiser des dîners gothiques entre amis… Comme un vaisseau en béton armé capable de vaincre la plus « Krakenismique » des tempêtes ! Comme un album savamment pensé, exécuté, produit et mixé. Tiens donc, on pourrait croire que le quartette américain est ultra doué, en plus de collectionner les capuches…

Est-ce assez pour marquer les esprits comme un VEKTOR ou un SKELETONWITCH, par exemple ? Je le souhaite. Est-ce au même niveau qu'un REVOCATION côté rapidité et efficacité ? Je serais tenté de répondre oui et avec plus de coffre, car BLACK FAST porte superbement bien son nom : il est vite et noir, il a le cœur d'une panthère... Mais le cœur d'une hyène. Il n'a pas la classe nécessaire pour se réincarner en panthère ébène, mais sûrement la sournoiserie et l'avidité maladive de l'hyène chiante et baveuse, qui mordra votre tibia jusqu'à ce que vous lui offriez votre fémur en pâture…

BLACK FAST est cette saloperie de teigne mal élevée qui vous happe, dès les premières secondes de "Cloak Of Lies" (je hais les albums qui débutent ainsi…), comme une nuée de cafards et vous soulève de terre pour vous offrir une virée peu reposante sous des cieux lézardés par les sautes d'humeur de Zeus lui-même. Un Zeus version squelettique, s'entend…

Irrévérencieux, peu enclins à vos états d'âme, les Ricains lèvent rarement le pied botté sur ces sombres 43 minutes très bien tassées. Soyez prêts à un cyclone engraissé à la double pédale, aux riffs acérés, à la production imparfaite mais parfaite pour ce genre de goule, à un chant agressif et agressant et surtout, à une ambiance sèche comme un sternum. "Spectre Of Ruin" est un joyeux témoignage de quatre grands dingos avides de mort, de dévastation et de nihilisme. Une contradiction gravée pour l'éternité pour divertir, choquer et sauter en bungee avec nos nerfs… À partir d'un avion.

Vous aurez compris que malgré son manque de sympathie, de poches atmos et ses redondances rythmiques, le roquet BLACK FAST m'a conquis avec sa hargne, la dureté de son jeu, ses grattes meurtrières et ses solos offrant quelques gouttes d'oxygène et de couleur çà et là. Il m'a surtout remercié d'avoir cru en lui après son premier skeud…

De la musique de crâne vide pour les avides de défonce sans aiguille. J'ai dit !

Podium : (or) "Scarecrow And Spectre", (argent) "Crescent Aberration", (bronze) "Mist Of Ruin".

Indice de violence : 3/5.