Symboliquement, le sang, c’est la vie.
Le rouge est la couleur du sang.
Dans sa nuance claire, le rouge incite à l’action, est tonique et éclatant.
Dans sa nuance sombre, le rouge symbolise plutôt le nocturne, le secret et incite au mystère.

"Blood", troisième opus du « super » projet OSI (Office of Strategic Influence) se situe plutôt dans les nuances sombres du rouge. Et si la pochette en est d’ailleurs la parfaite illustration, la musique ne fait que renforcer cette seconde teinte.

En effet, toujours sous la houlette de l’excellent Jim Matheos (FATES WARNING) et de Kevin Moore (CHROMA KEY) qui officie au chant, auxquels s’est joint le batteur de PORCUPINE TREE (Gavin Harrison au jeu tout à fait approprié pour cette galette), OSI évolue doucement mais surement… et va un peu plus loin encore dans la direction déjà amorcée sur le précédent album, "Free". De plus en plus éloigné des débuts plutôt complexes et progressifs de l’album éponyme, ce "Blood" n’en garde quasiment que les aspects calmes, doucereux et atmosphériques. Les guitares de Jim Matheos se faisant malheureusement de plus en plus discrètes, même si elles apparaissent à chaque fois de façon extrêmement efficace sur les quelques compositions particulièrement musclées qui ornementent la galette.

On retiendra parmi ces compositions puissantes et judicieusement agrémentées de samples et bidouillages électroniques, les efficaces "The Escape Artist" (belle introduction !), "Be The Hero" (assez hard rock dans l’approche au niveau des guitares d’introduction) ou encore le très direct "False start", qui est une petite tuerie (le break avec la batterie décalée fait son petit effet !). On retrouve là toute l’ingéniosité et les capacités de Jim Matheos dans les riffs ou soli qui nous sont proposés. On peut dire que le mariage de toutes ces sonorités modernes, voire futuristes (samples, électro…), avec les guitares de Matheos, est parfois proche de la perfection tel que sur le magnifique et sombre "Radiologue" (quelle atmosphère, dites-moi !). Presque hypnotisant. A ce titre, on pourra éventuellement se remémorer de quoi était déjà capable Jim sur le surprenant, avant-gardiste mais excellent "Disconnected" de FATES WARNING. Cela s’en rapproche parfois.

Dommage néanmoins que le reste des compositions égare justement en chemin les guitares de Matheos pour ne laisser place qu’à des titres nous plongeant dans un univers sombre et secret, au milieu d’une palanquée de samples et claviers distillant des atmosphères mystérieuses, intrigantes, riches et variées. C'est à un véritable travail d’orfèvre que l'on a affaire parfois !

Je vous souhaite alors la bienvenue dans l’univers ambient d’OSI.

Autant des compositions telles que "Terminal" ou encore "We Come Undone" restent plutôt plaisantes (apaisantes aussi !) et au final réussies dans le genre, avec cette perception de longue montée en puissance (légère la montée !), autant d’autres compositions m’ont carrément donné envie d’avancer à la plage suivante ("Microburst Alert", par exemple, avec cette introduction à la limite du trip hop ! Affreux !).
Dans le registre ambient, on retiendra bien évidemment le morceau "Stockholm", qui n’a rien d’extraordinaire certes, (encore que les guitares de fin nous réveillent quelque peu !) mais qui attire la curiosité puisqu'il est chanté par le Suédois Mikael Akerfeldt, le talentueux leader compositeur d’OPETH. Le chant du Suédois rattrape le niveau général de l’album à ce niveau. Il faut dire que Kevin Moore n’excelle vraiment pas derrière un micro, il faut bien le reconnaître : aucune énergie, aucune émotion n'est à signaler. Un comble ! Le chant de Kevin Moore n'est ni plus ni moins que quelconque et monotone. Médiocre, quoi !

"Blood" reste néanmoins un album plus que correct, marqué par le travail minutieux réalisé au niveau des ambiances et sonorités modernes, le tout combiné parfois avec les guitares agressives de Jim Matheos. Un mariage intéressant qui saura en ravir plus d'un. Mais attention, "Blood" est plutôt paisible dans l'ensemble. Si vous cherchez plutôt un truc violent, mieux vaut éviter ce disque et passer votre chemin.


Morceaux préférés : "Radiologue", "False start", "The escape Artist".


PS : A noter que l'édition limitée de l'album comprend un cd bonus avec 3 titres.

1- "No Celebrations", composition qui s'avère le titre le plus intéressant de ce cd bonus et le plus puissant. Avec les guitares de Jim Matheos, ça va de soi, et chantée par Tim Bowness (NO-MAN).

2- "Christian Brothers", qui n'est autre qu'une reprise ambient de la chanson d'Elliot Smith.

3- "Terminal (Endless)", version inutile du titre présent sur le cd N°1.