SEANCE est un autre projet principal Death devenu side-project après quelques albums, qu’on a finalement déterré afin de lui donner une autre chance plus de dix après. Les groupes qui ont emprunté ce chemin sont maintenant nombreux et ont souvent raté leur coup. Comme quoi, dans la vie, quand on recherche à rallumer la flamme quand le timing s’est tiré, on coure après des bouts de chandelle… Est-ce le cas de SEANCE ?

Il faut d’abord vous expliquer la raison de cet écart de 16 ans depuis "Saltrubbed Eyes", sorti en 1993, un an après le premier skeud des Suédois, "Fornever Laid To Rest". Eh bien, la principale raison est la création de deux combos majeurs, dira-t-on, SATANIC SLAUGHTER et WITCHERY, ce dernier étant beaucoup plus connu pour son Thrash rapido. Un a été fondé en 1995 et l’autre en 98, de quoi occuper les guitaristes Tony Kampner et Rille Rimfalt ainsi que le batteur Mique Flesh. Nous revoici donc en 2008 et le trio a rejoint le chanteur Johan Larsson, qui commençait sérieusement à s’ennuyer dans son coin, pour enregistrer le troisième opus de SEANCE.

Les Suédois avaient laissé les fans de Death old school en plan en 93 avec "Saltrubbed Eyes", un disque de Death bien roulé, mais qui n’a pu se distinguer à sa juste valeur des centaines d’autres issus de la même période. Peut-être est-ce une des explications plausibles à leur soudaine disparition ? Qu’importe, l’important est de savoir si "Awakening Of The Gods" est à la hauteur de ses prédécesseurs, autant au niveau technique que de la fureur bestiale qui transpirait de cette basse grogneuse et de cette voix bien grasse hurlant la mort.

La réponse est oui, mais SEANCE a évidemment mûri et ça s’entend ("Burn Me", "Wasted"). Plus de classe, meilleure production (même si leurs deux premières offrandes sonnent comme une tonne de briques), fini le clinquant et le beurre dans les cheveux… La basse, maintenant empoignée par Johan Larsson, est moins au premier plan qu’auparavant et se fond bien dans le duo de guitares acérées. On retrouve aussi, avec bonheur, davantage de solis. Mais ce qui faisait la force du groupe en 93 est toujours au milieu du pandémonium : ce chant colérique, ces structures constamment brisées par des accords rapides et infects ("They", "Invocation", "Murder"). Le tout est simplement plus « léché » pour ne pas trop jurer avec cette époque des studios ultra perfectionnés chiant des albums scintillants.

Il faudrait à tout prix éviter le cliché « l’âge les a rattrapés malgré toute leur bonne volonté », mais on ne se cachera pas que "Awakening Of The Gods" plaira particulièrement aux purs et durs nostalgiques de Death empestant les boules à mites. Seize ans après, SEANCE offre essentiellement, sous des atours plus dispendieux, sa mixture brassée au début des 90’s. Onze titres pour 37 minutes, des créations rentre-dedans avec cette verve légendaire des formations Death, dont les tatouages survivront jusqu’à ce que la faucheuse se pointe dans 50 ans avec son vieux t-shirt d’OBITUARY et son joint de mari. De cette race immortelle-là, de cette valeur sûre qui s’écoute aisément, le volume dans le tapis et la gorge serrée.

"Awakening Of The Gods" est un truc récent qui rappelle un passé tout près, un passé faisant encore entendre ses riches échos. Il fait un peu penser à MORBID ANGEL avec ses morceaux expérimentaux ("Flight Of The Wicked", "Revel In Death"), mais nous projette avant tout à l’époque où les riffs tachaient et saturaient l’ensemble. Du bon Death de garage pour casser les oreilles de maman assise devant son feuilleton. Du bon Death louant la dernière heure, mon maître cornu et les flammes de l’enfer.

En 2009, on retrouve encore ça et on en est fier. Les « increvables » portent bien leur surnom et ne sont pas intéressés à troquer leur certificat de baptême pour une somme astronomique.

Tout ça c’est très joli, mais ça ne renverse aucun bateau de croisière. SEANCE a réussi son retour, mais n’a pas réinventé la broue. Saluons-les donc pour leur résurrection et le refus d’abandonner leurs amours de « jeunesse ». La fidélité et la longévité, ça se rétribue.