Entrez dans la danse, dans un monde où le SLAM est roi.
Suivez mes pas…

Si vous cherchez de l’énergie, c’est ici que ça se passe et nulle part ailleurs. Avec les Russes de ABOMINABLE PUTRIDITY c’est du riff bien gras, du beat bien gras et du dégueulis bien gras qui vous attendent. Petit-fils d’un MORTICIAN qui cherche autre chose que de faire l’apologie des gore movies, ABOMINABLE PUTRIDITY envoie sec et sans tabou.
L’impressionnant côtoie le répugnant. Ici tout n'est que groove. Il y en a à tous les étages. En couches épaisses, ce groove se dépose sur vous et vous happe pour ne plus vous lâcher. Baignant dans l’horrible, l’orchestre affiche une excellente cohésion. Ça charbonne méchamment mais toujours avec classe. D’un son surpuissant rugissant des enceintes, d’une voix inhumaine et intestinale, ABOMINABLE PUTRIDITY impressionne à tous les niveaux.

Le principe est très simple, je dirais même trop simple.
Le Brutal Death des Russes se la joue "non-stop" sur une cadence assez binaire, très loin de l’ultra technicité déployée par ses semblables. Ceux-là même qui n’hésitent pas à en faire des tonnes pour épater l’auditoire (NDLR : SCRAMBLED DEFUNCTS). A ce moment précis, on comprend que cette "Russian Heavy Machine" (notez les chevilles qui enflent) n’est pas là pour faire joli mais plutôt pour aller au bout de ses idées.
Le slam relève du concept. "In the End of Human Existence" en est un. Bardé de huit morceaux de choix et deux interludes bien glauques, le tout campe solidement sur des bases rythmiques de chaudronniers, similaires à une marche de mammouth (d’où le rapprochement avec les ricains de MORTICIAN). Quelques blast-beats bien méchants accommodent le débat d’éclairs d’ultra violence bienvenue.

Hormis le plomb et la mélasse, ce combo se démarque par son oraison funèbre qui plane sur tout le disque. Dieu que ce chant est putride. Il est l’autre instrument. Il complète parfaitement le travail de ses collègues par une amplitude démentielle. Ultra guttural, voilà le terme exact. Il faut remarquer et souligner que cette performance vocale devient une habitude dans le domaine du Death Metal brutal. L’aspect unique du combo et tout le charme qu’il possède sert de base à une mouvance nouvelle. DEVOURMENT a ouvert la brèche, ABOMINABLE PUTRIDITY l'élargit au maximum. Beaucoup optent maintenant dans ce registre et il est fort à parier que cette mode du slam risque de subir un phénomène d’engorgement. Cela dit, pour l’instant ça plaît et les labels signent à tour de bras, alors profitons-en !

Pour revenir à cette putridité abominable, je dirais très sincèrement qu’elle fout le coup de massue voulu. Sans se presser et sans bâcler elle arrive à nous capter du début à la fin, sans soucis. Le disque est court voire très court, donc aucun risque d’être gavé par l’art guttural des Russes. Mais tout ceci obéit à la même condition sine qua non : si on n’aime pas ce genre de chant, le plaisir d’écoute sera gâché. Au dépens de l’excellent niveau d’une prod’ rutilante et d’un répertoire ultra efficace. C’est qu’il faut avoir de la souplesse dans les jambes pour suivre cette danse au groove assassin. Ce n'est pas donné à tout le monde.


ABOMINABLE PUTRIDITY est à conseiller à tous les mordus de Brutal Death ultra groovy. A tous les amoureux du chant ultra guttural, aux auditeurs attentionnés au discours d’un ventre qui nous parle. Pour tous ces individus je dis "foncez tête baissée". Par son art extrême, le combo moscovite devient une des références dans le domaine. Le départ de Vladimir annonce l'arrivée du monstrueux Big C à savoir : Cameron "Big Chocolate" Argon (DISFIGURING THE GODDESS), ce qui est un avantage pour la suite : il y aura encore plus de guttural au menu !

En deux mots : très rafraîchissant !