Quand la course est lancée, il faut être parfaitement entraîné pour la gagner. Pour MEATHOOK, c’est tout le contraire. "Infernal Torture" abrite peu de conviction mais il possède son charme aussi. Cette formation US qui nous vient de Phœnix, n’affiche aucune ambition réelle, juste de faire du Brutal Death. C’est tout. Non, ce n’est pas tout.

MEATHOOK c’est tout bête. C’est petit mais costaud.

Premières approches. Tout commence par un « Amputated God » bien véloce qui jouit très vite d’un chant qui n’est pas maîtrisé. L’intonation très ronde et gutturale est le fruit d’un vocaliste qui force le jeu sans convaincre. Aille ! Les riffs sont archi simples. Les trémolo ponctuellement lancinants tendance « nid de frelons » (« Worm Infested » ou « Realm Of Decay » ou comme sur la plupart des titres d’ailleurs) sont plus ou moins variés en fonction des humeurs. Le blast beat est constant mais légèrement sur-compressé. Le visuel est tarte. Le son est cool par contre. La durée est minime : sept morceaux pour moins de 25 minutes de débat. Par ses aspects, « Infernal Torture » pourrait être sans soucis, une excellente démo qu’un « vrai » album.

Quelques écoutes plus tard, on commence à cerner la bête. Le style très brutal est marqué par le traumatisme d’un passé floridien « cannibale » donc gore, traduit une expression assez commune. Le coup de l’intro horrifique est toujours là et ne représente pas grand chose. C’est tellement classique que ça en devient invisible. Les riffs s’acclimatent bien aux oreilles qui ne seront pas trop insensible à la « bourrine attitude ». Le tout dans un balais continu de sonorités un brin moderne. Le chant apporte par moment quelques variables assez bien vues qui évite une trop grande redondance. Ce facteur est dommageable. Linéarité, manque d’espace et de précision, « Infernal Torture » retombe comme un soufflé. (Re) Aille !

Marquons un temps.
La fosse du Death Metal est bondée de groupes belliqueux et revanchard (qui a parlé de la soi-disant « famille » du Metal ?). C’est chacun pour sa gueule. Soit on forme des collectifs pour faire genre : Musique = solidarité. Soit on achète les médias pour venter les mérites du travail (no comment). Soit on a une petite bite et on rase les murs. Ou soit on ferme sa gueule. MEATHOOK, préfère rester à son propre niveau, sans esbroufe mais au moins il ne fait pas de connerie, lui ! Au vu de ce florilège de formations boulimiques de violence et de la renommée, MEATHOOK n’en mène pas large. Un petit frère qui se fait souvent savater en pleine récré ou qui se fait gronder par son aîné. Un manque cruel de charisme lui empêche toute action et lui ferme toutes les portes. Le temps viendra pour ce petit rejeton de devenir lui aussi, un adulte. Mais pas encore.

Finalement, MEATHOOK se dévoile tel un artisan qui charbonne sans but affirmé. Sans prise de tête avec un leitmotiv rythmique qui peu devenir plaisant par le biais de bons riffs (à défaut d’être excellents) et des blast qui assurent le massacre correctement. De quoi chauffer la première partie d’une tête d’affiche, très certainement.

Honnêtement, je préfère un petite formation, si imparfaite soit-elle, qu’une grosse pointure calamiteuse (Ca ou Ka... quelque chose). Par son discours, MEATHOOK ne m’a pas complètement séduit mais j’accroche assez à la bestiole. Ça ne soulève pas des montagnes mais ça pulse bien et c’est l’essentiel.


En deux mots : Pas ultime, juste sympathique.