Tout n’est que désolation, dépouillement et désespoir. Tant de situations qui contribuent à montrer l’existence comme étant terriblement vide de sens … Si MORGION le chante, sa musique en est le contraire: certes épurée de tout superflu, elle n’en demeure pas moins efficace, planante voire même touchante.

C’est bien de doom atmosphérique qu’il s’agit - avec un fort penchant vers le death metal. L’approche pour cette "Balade à travers les ruines majestueuses" est très aérée. Nous y retrouvons bien une voix d’outre-tombe avec plus de passages atmosphériques que de tempo à la " Tampa attitude". Ici le synthé ne fait que soutenir les guitares, il ne fait pas la mélodie et n’encombre pas impunément un travail tout en finesse. Hé oui, MORGION est un met délicat et raffiné qu’il convient d’apprécier et dont il faut s’imprégner.

Ce premier album - MORGION n’en fera malheureusement que trois … mais quelle superbe évolution ! - est celui où le groupe a voulu montrer qu’il avait intégré les bases de ce genre metal et qu’il pouvait le faire évoluer vers d’autres cieux (ou d’autres souterrains ?), le renouveler sans jamais, au grand jamais, le dénaturer.

Limpide, pesant ainsi que triste sont aussi des qualificatifs que ce "Among majestic ruin" peut revendiquer sans rougir. Mais également le terme puissant; MORGION a cette capacité à nous laisser nous morfondre dans nos pensées les plus intimes et lâcher sans prévenir une puissante énergie où l’espoir n’est pas, en fin de compte, si loin que çà … si l’on veut bien se donner la peine d’écouter.

Cinq long morceaux définissent l’album tout en nuance et procurent, pour qui sait l’entendre, un confinement auquel toute personne aime se blottir afin d’y laisser ses pensées s’élever vers des réflexions que je qualifierais d’introspection ou encore de ressources au plus profond de son être intérieur.
Dès que nous croyons que la mélodie s’arrête, MORGION aime à relancer un thème, une ambiance, un renouvellement qui élèvent sa musique vers de nouveaux horizons. C’est en cela que je parlais de nuance. Sur "Among majestic ruin", ces nuances se passent en douceur où, à tout au moins, en adéquation parfaite avec l’esprit dégagé par le morceau. C’est dans la lignée d’un doom/death mélancolique aux frontières de l’oubli …

C’était un grand groupe avec beaucoup de talents dont quelques-uns s’en sont allés poursuivre l’aventure avec, notamment, le groupe KEEN OF THE CROW. Cependant, la magie dégagée par MORGION n’est plus que morcelée et l’univers tant décrié ci-dessus ne survit pas et tombe irrémédiablement dans la désolation, le dépouillement et le désespoir … de retrouver ce metal si particulier qu’était MORGION!