Chronique GUUDienne n°23756


En 1988, le premier album de MORBID SAINT avait marqué les esprits avec son Thrash crasseux et haineux à la lisière du Black Metal. Après quatre ans de gestation démoniaque, ils nous reviennent plus maléfiques que jamais avec toujours ce Thrash fantastique de « basiquité » exacerbée !

Soyez rassurés, le menu n’a pas changé : des riffs tellement mauvais qu’on touche directement à la notion de Beau, une ambiance qui donne envie d’invoquer Satan un soir de pleine lune et une production grésillante effroyable (mais qui fait tout le charme de MORBID SAINT). Quoi de plus triste en effet qu’un Metal bien produit, propret et lisse comme le cul d’un bébé ? Voici donc du Thrash authentique, fidèles amis lecteurs. Du Thrash bien rugueux, sale et qui déboite le genou. Qui dit Thrash dit moche, laid, vilain, caca d’oie. Forcément ! Comment se targuer sinon d’une quelconque authenticité ?

C’est là que le bât blesse. MORBID SAINT est moche hein, mais peut être pas assez. Tel est le problème de ce « Destruction System » en définitive qui manque parfois de sincérité ce qui m’amène à penser que le groupe avait des vues commerciales (bouhouhou), visait peut être même le grand public (ou pire les charts américains, notre cauchemar absolu). Ce qui m’amène à penser cela ? Cette folie qui a pris MORBID SAINT de rajouter des chœurs (Depth of Sanity), de ralentir le tempo… Ca, c’est pas du tout TRUE du tout. Pas du tout TRUE du tout. Tiens, c’est pas évident à dire ça ! AH AH AH AH (rire démoniaque).

Heureusement, les paroles quant à elles sont d’un rare niveau intellectuel et propose un argumentaire savamment agencé sur la fin du monde (surtout lors du deuxième couplet sur le morceau titre quand le chanteur chante avec beaucoup de sensibilité : « griiiaaaaaaargggggh rahhhha reuuuuh »). C’est magnifique. MORBID SAINT est toujours infernal. Ouf !

Toujours coincé entre Thrash mid-tempo et Black Old School haineux, MORBID (appelons les par leur petit nom) délivre un Metal sombre, violent, aigu, terrible et malfaisant. Si le premier album présentait un intérêt avant tout « historique », force est de reconnaître que ce deuxième opus est plus convenu. Destruction System a perdu en route une certaine authenticité, une typicité et surtout la fraîcheur rance de Spectrum of Death.

Heureusement, les riffs maléfiques vous liquéfient la cervelle tellement qu’ils sont maléfiques. Heureusement le chanteur hurle son désespoir avec une rage réelle qu’on se demande s’il ne vient pas de se cogner l’orteil contre un meuble (ça fait très mal). Bref, une interprétation incroyable qui n’est pas sans rappeler l’imitation d’une sorcière asthmatique en rut. Incroyable je vous dis. Il se dégage du coup une ambiance atmosphérique très prenante. La haine, la rage, la colère, le mécontentement, l’insatisfaction, la rancœur, la méchanceté, la pollution, l’apathie, le désespoir, l’envie de tout massacrer avec une fourchette… La palette des sentiments par laquelle nous fait passer Pat LIND (le chanteur) est d’une largesse à faire pâlir des tarlouzes comme Rob HALFORD. Que ceux qui doutent de ma parole, aillent écouter les nuances et son phrasé sur Halls of Terror, vous m’en direz des nouvelles.


MORBID SAINT a donc mis 4 ans pour invoquer toutes les forces du mal possibles et inimaginables. Leur boule de cristal devait être un peu crado car Destruction System est quand même un peu raté mais devrait plaire néanmoins à tous les fans de Thrash occulte et enragé (ils sont nombreux à nous lire). Je recommande donc chaudement cet album introuvable dans le commerce dont la nullité attendrissante ne manquera pas de vous toucher.