Énième jeune groupe vitaminé provenant du Royaume-Uni, RAZOR OF OCCAM a comme têtes dirigeantes deux ex-DESTRÖYER 666, Matt et Shrapnel, aux guitares et micro, qui officiaient jadis dans le même style, soit du Thrash Black hyper speedé. Ça a l'air effrayant lancé de cette façon, mais la bouillabaisse ne colle pas au fond.

"Homage To Martyrs" est leur premier album studio après avoir sorti un fort apprécié EP en 2003 et une démo l'an passé. Ceci dit, il faut livrer la marchandise messieurs, vous qui n'êtes pas des enfants d'école… Vous fêtez votre 11ème anniversaire de fondation en 2009, faudrait produire un peu, non ? Ne décevez pas Metal Blade Records, ils vous font confiance, les pauvres !

Ce qui frappe de prime abord est la densité du son de RAZOR OF OCCAM : aucun répit dans ces éboulements de caisses, les guitares sont éléphantesques, de vrais "roadrunners" branchés sur la dynamo, et les hurlements sont étrangement similaires à ce que NAGLFAR nous tamponne depuis "Sheol". Les références sont là, l'auditeur se retrouve en terrain connu et on se rend vite compte qu'on tient un Thrash de haute facture. Un Thrash qui s'éloigne des médaillés olympiques tels que SLAYER, et qui s'approche davantage du Black Mélo, donc d'un Thrash auquel il ne reste que le squelette.

Sauf que les Australo-Anglais foncent dans le tas et opposent une résistance bestiale aux passages atmosphériques et aux rythmes pépères de leurs ancêtres, préférant anéantir votre matière grise à l'aide de la batterie gigantesque de Peter Hunt et de guitares maîtrisées avec un génie peu commun par les deux destructeurs. Je vous le dis, ça n'arrête pas une seconde, RAZOR OF OCCAM est un feu de forêt, ça bûche et brûle dans tous les sens. Écoutez "Shadow Of The Cross" et ses lignes aériennes et vous m'en reparlerez… Ouf, j'en suis encore abasourdi ! Bon, ma température se stabilise, je vais mieux. Me voilà reparti pour une autre quantité astronomique de rounds de cette boxe sonore.

Bien que le groupe soit en pleine possession de ses moyens (les solos sur "Heat Of Battle" et "Immortal Code" sont à se cogner sur les murs), il n'ose guère s'aventurer hors des sentiers battus, mettant plutôt de l'avant sa technicité et non la folie sous-jacente d'un tel talent. La forme est carrée, alors qu'on l'aurait voulue hexagonale, voire octogonale. Comme si vous me faisiez manger le meilleur gâteau au monde, sans le beurrer de crémage, moi qui ne surveille pas mon tour de taille ! J'en veux plus, RAZOR OF OCCAM, plus ! Même si vous me tabassez la tronche ! Et la longueur du festin ? À peine 35 minutes et vous vous tirez ? Nan, c'est pas sérieux… Une chance qu'on peut le réécouter infiniment, votre skeud.

En étant avare de cette manière, le quatuor ne rend pas seulement hommage aux martyrs, mais à son nom. En effet, selon la variante du "Rasoir d'Occam", du frère franciscain et philosophe du 14ème siècle Guillaume d'Occam, "les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire". Hmmm, tout cela me fait bidonner. Utopistes sont-ils ces odieux garçons de croire que la société se contentera du strict nécessaire… Au moins, ils montrent l’exemple en allant droit au but avec leur musique.

"Homage To Martyrs" est un défoulement. Une centaines de baffes assénées à coups de baguettes, de pics et de cordes vocales qui n'ont comme motivation que la rage envers ce monde de consommation corrompu, nourri à l'opium du peuple, qui est notre royaume. Je vous dis que c'est bon, c'est très bon, et ça fout les dogmes par terre. Ce qui est important en Thrash qui tache.

Un "petit" 3,5.