Qui a dit que la scène française était moribonde en ce moment ?
ANANTA, groupe montpelliérain de son état, commence à faire pas mal parler de lui en cette fin d'année 2008/début 2009... La sortie de « In Media Res » n'est pas passée inaperçue dans le milieu du Metal français.
Une fois en possession de ladite galette, je constate que le plat est dense: plus d'une heure et quart de son comment dire, « énorme »... mais dans le sens « épuisant » du terme...
Les premières écoutes de ce genre de production sont toujours très délicates, car elle semble prédestinée à des amateurs de techno. Je ne saurais dire pourquoi j'ai systématiquement ce ressenti mais ce coté ultra compact, irrespirable par moment, au son de guitares en mode « murs complets » ne fait que rendre l'approche conflictuelle. Je combats un sentiment inévitable qui me murmure à l'oreille « Passe à autre chose »...
Pourtant les annonces étaient plus qu'alléchantes: « Genius Melodeath inspiré par la folie musicale de DARKANE/SOILWORK(*)/DEVIN TOWNSEND »... Un résumé pas si mensongé que cela, il faut bien le reconnaître, même si ANANTA empreinte à tout ce joli petit monde des sonorités death mélo scandinaves en y ajoutant des plans à la MESHUGGAH.
La première partie de l'album est aride, abrasive, sèche comme un coup de trique (« Soaked Man », très réussi, « Fragile », « Psylence ») avant l'arrivée d'un chant clair (à la DARKANE vraiment !). Ce chant agressif à outrance, même si on le sait suppléé de distortion vocale, est correctement mis en valeur. Matt ne s'économise pas et ses efforts ne sont pas vains: il a de quoi inspirer le respect à l'écoute de tout ce « In Media Res ».
Riffs saccadés dévastateurs, plans hardcore dans leur construction, des blasts de batterie typés black parfois (« Bitter » qui fait la part belle à Jean) , ANANTA tente tout et ne se refuse rien.
Une intro, un interlude (aussi inutile dans son contenu qu'essentiel pour reprendre son souffle, une fin ambiancée « Silent Hill like » (« Bitter »)... On se bouffe déjà douze titres et il faut bien avouer: cela devient pénible car on a la sensation désagréable de toujours bouffer la même chose.
« Ballad of violence » ouvre une sphère de tranquillité plutôt réconfortante mais de courte durée car le morceau est coupé rapidement par le retour de cette rage omniprésente pour finalement revenir en conclusion du morceau. Plus de 9 minutes de parfaite maîtrise technique d'une power ballade sans véritable âme...
Car au final, la présence de guest comme Ole d'EYELESS, Matt de END et Olive d'ERLEN MEYER n'y fera rien: ANANTA nous livre un premier opus trop compact, très délicat d'accès mais à la technique irréprochable (c'est finalement la principale satisfaction de cette galette). Guillaume Bideau qui s'essayait là à sa première réalisation peut s'enorgueillir de sa réalisation. Le groupe a d'ailleurs su composer intelligemment sa tracklist en mettant en valeur une certaine progression.
Reste à ANANTA d'effectuer la plus grosse partie du taff: se créer une identité propre sous peine de vite disparaître dans le flot des groupes qui font mal, mais pas longtemps... A l'écoute de ce potentiel, il serait véritablement dommage que le groupe ne franchisse pas ce palier.

Verdict: 2/5.

(*): le groupe vient de signer pour accompagner SOILWORK et ONE-WAY MIRROR en tournée avant même la sortie de cet opus ! Plutôt pas mal pour faire parler de soi non ?