Si tout comme moi vous avez mis dans votre lecteur le dernier opus de DEADLOCK, vous avez failli avaler de travers le donuts que vous étiez en train de vous bâfrer au même moment... « The Moribund Choir vs. The Trumpets Of Armageddon », premier titre de ce nouvel opus des Allemands disait le boîtier du cd... De la Techno ! Voilà ce que ce sont mises à vomir mes enceintes ! Aucune merde de la sorte n'était jamais sortie de mes sacro-saintes baffles, toutes protégées qu'elles étaient des ravages de cette saloperie. Une minute et 10 secondes plus tard, c'est le soulagement ! Le premier véritable morceau déboule et me voilà tout de même rassuré ! Je vais bien pouvoir chroniquer un album burné de Metal !

Et de ce côté, pas de doute, le groupe reste dans son secteur ! « Wolves », l'opus précédent tout juste sorti depuis l'an passé, le groupe n'en a pas moins méchamment évolué depuis... et dès « Martyr to Science », vous allez comprendre: Sabine, la choriste du groupe n'est plus à l'ordre du jour. Et oui, non pas qu'elle ait été virée, mais tout simplement la voilà devenue membre du groupe à part entière !
Rendez-vous compte: une demoiselle qui oeuvre dans un chant clair, pour ne pas écrire aérien lorgnant beaucoup trop sur le timbre d'une Sharon Del Aden (WITHIN TEMPTATION) version pop.
Et le problème, c'est qu'à côté de cela, J. Prem est toujours de la partie. Non pas que le bougre me dérange car il conserve sa superbe voix d'ours des cavernes ! Cette donnée fondamentale offre à ce « Manifeto » un aspect dichotomique des plus destabilisants pour ne pas dire des plus chiants, tout simplement.
Jugez plutôt: Sabine et sa voix apparaissent systématiquement sur tous les titres, engendrant des changements de styles et d'ambiances aussi incongrus que grotesques : « Slaughter's Palace », morceau des plus extrêmes frôle presque le ridicule tant Prem s'efforce de nous gratifier d'un chant death growlé (*) aux tripes avant d'être refroidi par une intervention popisant gerbante (tout pareil pour un titre comme « Deathrace », en tout cas pour sa première moitié...). Et que dire de « Altruism » genre de ballade pop que l'on pourrait attribuer à EVANESCENCE...
Tiens, histoire d'illustrer l'ensemble et d'enfoncer le clou, allez jeter un coup d'oeil (mais alors rapide hein, ne déconnez pas !) sur le clip du single « The brave/Agony Applause » dans lequel la pauvre Sabine semble bien perdue, ne sachant pas comment se comporter face à la caméra... Enfin bref, à la limite, tant pis pour elle... Ce morceau, aseptisé et sans âme, pue le marketing à outrance...
Mon principal souci avec ce « Manifesto » repose sur les originalités de l'album. Outre ce chant très problématique, les membres du groupe ont poursuivi les expériences:
- Les deux dernières minutes du titre « Deathrace » sont laissées à la disposition d'un groupe de rap allemand pour un moment de hip-hop complet (scratch et tout le toutim) ! Putain, après la techno, ils font fort nos gus... Un peu trop pour moi... Surtout que cette partie sort de nulle part. Le groupe semble avoir collé bout à bout deux tracks... Il faudra m'expliquer là même si un léger fil conducteur peut s'entendre ...
- Un solo de saxophone, oui, oui, vous avez bien lu qui vient clôturer « Fire at Will » ! Mouais, bof ! Pas une reprise du riff, tout juste un espace de liberté pour cet instrument... Faut-il croire que les membres du groupe avaient un pote à promouvoir ?
- Une reprise des SISTERS OF MERCY « Temple of Love »: finalement pas mal. Sans doute l'idée la moins faisandée de l'opus que de vouloir dépoussiérer ce titre des Anglais « aux trois albums en 25 ans de carrière » (une des influences majeures des gothiques). Mais cela ne peut difficilement entrer en ligne de compte au final, le coup de la cover...

L'autre souci concerne la qualité technique intrinsèque des différents zicos de ce combo... Ils sont difficilement attaquables de ce côté. Si notre growler précédemment cité assure vraiment, les autres ne sont pas en reste. Le marteleur de fûts balance à tout va, sans concession (écoutez ce ravage sur l'intro de « Dying Breed » !) en claquant des plans rageurs et inspirés. L'ensemble, au service des titres, permet à notre duo de guitaristes de proposer des riffs sympathiques, dans un style death mélodique certes commun mais efficace. On savourera surtout le solo de « Fire at will » vraiment plaisant, tout comme celui de « Seal Slayer » ! Si beaucoup de choses sont écoeurantes jusqu'alors, force est de constater que le death metal proposé ici est sobre, efficace et finalement sympathique.

C'est un comble mais il est de bon ton de hurler au scandale quand un groupe fait dans le classique ou dans le « peu d'originalité. Pour une fois, je me retrouve avec un opus très (trop ?) novateur, en tout cas trop expérimental dans des directions bien lointaines de mes préoccupations.
Outre des idées sans grand intérêt de mon point de vue, la pauvre Sabine avait déjà plié notre affaire: rien à faire, sa voix ne peut pas se placer ici (putain, les envolées sur « Seal Slayer » avant le solo... me font terriblement mal aux oreilles...).
En voulant sortir des sentiers battus, DEADLOCK réduit à néant les efforts fournis jusqu'alors... Damned...

Verdict: 1,5/5.

(*) « Dying Breed » est le seul titre qui propose un chant clair masculin.