Chronique d’un Death maniac :

Je me balade dans les rues de Paris, en direction d’un de mes disquaires préférés où il sent bon la pochette en aéro et le logo dégoulinant. Je rentre dans le magasin et commence ma quête dans un travail minutieux de recherche de la perle rare... on ne sait jamais. De vive allure, je fouille le bac Metal Extrême, indiqué au stabilo. Le bruit du clapotis des boîtiers CD m’obsède, toujours rien. Merde. Des couleurs, des motifs et... Tiens ? Ah bah non, je l’ai déjà celui-là. Je continue et tout à coup, je tombe sur un visuel attrayant, une illustration fort sympathique. Je déplie la pochette et tombe sur des photos de poseurs affublés de perfecto patchés, faisant le pitre sur un tombeau. Noir et blanc la photo, je précise. Cela m’a l’air d’être un groupe bien bourrin ça ? Je lis : MI-SE-RY ? Ah MISERY ! A la vue du graphisme et de la syntaxe, ça doit être du Death...
Bon, très bien. Je file de suite à la caisse pour payer le disque, devant un vendeur plus occupé à boire sa bière qu’autre chose. Quand celui-ci pris le disque et le posa sur le support CD une phobie m’envahit illico : Les tâches de doigts bordel ! Ben quoi ? J’aime pas les tâches de doigts... c’est dégueulasse.

Revenu chez moi (dans mon antre du mal) où un bordel sans nom jonche le sol, j’aime pas les aspirateurs... Je m’empresse de découvrir au plus vite mon nouvel achat.

****

- A Necessary Evil - c’est effectivement du Death Metal. Le lettrage à l’aspect filandreux, le son brouillon datant de 1993 (drum-kit au claquement légèrement distinct, guitares vrombissantes et basse grésillante), l’extrême pesanteur de l’ensemble ainsi que ce chant guttural (légèrement sous-mixé) qui grogne en fond, sont autant d’indices qui corroborent cet avis. MISERY est un groupe australien qui officie dans le circuit underground. Son répertoire est des plus classiques mais son efficacité, des plus redoutables. Son mode de fonctionnement est assez classique, à la bonne franquette on va dire ; Damon (le bassiste) écrit la plupart des textes, y compris Darren (au chant) et Scott (aux six cordes) tandis que le reste de l’orchestre se charge de la composition. Voilà.

La rapidité n’est pas le maître mot de ces musiciens. Le mid-tempo est bien souvent à l’honneur, embelli par des passages écrasants (un chouïa Doom). Les soubresauts du tempo rajoutent une touche légèrement brutale à leur Death Metal caverneux. Les titres tels que « Lifeless » « Inverted Prophet » ou « Body Farm » sont ancrés dans une robe des plus moite. Ce qui m’a intrigué après plusieurs écoutes c’est la progression de cette descente aux enfers : le début est relativement classique, ça bourrine gentiment, limite un peu chiant, mais ensuite dès la deuxième partie en fait, la musique prend une autre ampleur beaucoup plus sombre. Le ton est plus obscur, les riffs baignent dans le cambouis et le rythme s’affole, où le terrifiant « Social Cancer » se démarque par son processus très marqué par cette lourdeur envahissante et une envie (bien présente) de coller des marrons. Une horreur assez symptomatique du genre, baignant dans une brutalité sourde. Le rendu est au final fort sympathique et la nostalgie des années 90 nous anime.

Cette découverte est devenue au fil des écoutes, mon coup de cœur. Cette formation totalement méconnue dans nos contrées, mérite amplement sa place sur le podium des formations dites old school.


De ce fait, MISERY et son « A Necessary Evil » m’ont comblé, malgré une facture qui fleure bon le parfum d’autrefois (le son manque cruellement de précision) et un répertoire pas toujours au top (assez linéaire), la (re)découverte du genre est une sacrée aubaine de nos jours et j’encourage tous ceux qui le veulent (ou le peuvent) à se mettre en quête de cet album (en import sous le label Velvet Urge Records), sympathique et plutôt bien fait, qui vous renverra directement au cœur de ces années de joutes permanentes, de cette époque culte.


Oui, MISERY est un mal nécessaire... et cela fait du bien.

Note : 3/5