Impossible de parler de Folk Metal allemand sans au moins glisser quelque part ce bon vieux TANZWUT, alter-ego metallique du groupe médiéval on ne peut plus réputé CORVUS CORAX.

Sûrement le groupe de cette scène le plus apprécié de la gente gothique pour ses dérives electro-boom-boom et pour sa liaison avec la scène electro indus des DAS ICH, WUMPSCUT et autres RAMMSTEIN.

Après un album éponyme qui bouffait un peu à tous les râteliers de la teutonnerie moderne, Labyrinth Der Sinne est bien plus clair dans son orientation Metal. Il privilégie un gros son qui semble faire un joli pied de nez au RAMMSTEIN des premières heures, et cultive un goût presque forcé pour la cybernétique froide et mécanique. Gros poum-tchak avec batterie triggée, riffs carrés et machinaux, et chant « parlé », TANZWUT ne veut plus avoir cette image du « groupe indus issu de CORVUS CORAX », il veut sonner moins folk et plus Metal. Bien sûr, pas question de ne plus être du tout le groupe issu de CORVUS CORAX!

Et d'ailleurs, jamais le biniou n'aura été aussi proche du latex. Et là où le second scintille par sa propreté, le premier est relégué au rang d'accompagnateur plan-plan, qui n'a même pas le droit à un son approprié : on dirait parfois du vieux sample râbaché dans une compil de fanfare médiévale, calé juste pour de rire dans ce culte du moderne. Dans, Labyrinth Der Sinne, TANZWUT maîtrise moins bien ses contrastes et ses anachronismes sonores qu'IN EXTREMO dans son cultissime Sünder Ohne Zügel, c'est un fait. Mais il faut avouer qu'il va un cran plus loin.

Et malgré le recul des mélodies folk, l'aspect appliqué parfois surfait de ses riffs, TANZWUT ne perd pas son charisme et nous offre de belles tranches de plaisir. Après la profession de foi bourrino-technoïque du début d'album, « Lügner » pose ses choeurs embrassés, « Niehmals Ohne Dich » passe le cap de la « ballade de l'album » en restant dans les tons grisés et l'humeur froide du reste, « Was Soll Der... » et ses claviers d'EBM ralentit le tempo en laissant le folklorique redevenir subtil, « Gigolo » pousse le kitsch médiéval jusqu'à l'entrain 'maximal', et « Ikarus » débranche la disto, déballe la boîte à rythmes et la sensibilité. (Par contre « Götterfunken » pue la merde.)

Au final, TANZWUT garde la culotte qui lui sert bien fortement les couilles. On pourra faire beaucoup de reproche à Labyrtinth Der Sinne, mais une fois pris dans les mécaniques de l'album, même ses quelques grossièretés et ses débordements conventionnels sont excusables. L'auditeur se laissera toujours surprendre par quelques nuances plus douces qui arrivent comme le messie au milieu de cette grosse machinerie à l'inaptitude émotionnelle revendiquée.
Labyrinth Der Sinne serait donc un mélange entre Herzeleid de RAMMSTEIN et Sünder Ohne Zugel du patron IN EXTREMO, avec quelques échantillons de DAS ICH juste pour le fun (et juste parce que je n'ai pas cherché un autre groupe encore plus proche).
Un cran plus Metal que son prédécesseur, un cran moins médiéval, un cran plus poum-tchak poum-tchak, un cran plus grossier, mais solide quand même nom de dieu, bien solide !