Une grosse voix rappelant forcément RAMMSTEIN, un gimmick technoïque impérieux, des cornemuses étrangement à-propos, une batterie triggée jusqu’à la moelle et des claviers hypnotiques, TANZWUT, c’est à peu près ça.

TANZWUT se positionne confortablement entre l’electro, le Metal Indus et le Folk, ne favorisant jamais l’un en dépit des autres, corrigeant la dominante à chaque nouveau morceau pour finalement donner une impression étrange d’unité. On pourrait facilement décrire l’album comme un mélange du RAMMSTEIN pré-"Mutter", de CORVUS CORAX et d’EBM à l’allemande… puis se raviser et avouer que si les influences sont là, le tout coordonné nous fait vivre une expérience musicale bien plus rare qu’elle en a l’air. Trois ans avant le "Sünder Ohne Zügel" d’IN EXTREMO, et un pas plus loin dans l’anachronisme, les sons de machines, et la violence technoïde, ce "Tanzwut" n’aura finalement comme principal défaut de n’avoir dans sa besace qu’un seul et unique type d’instruments folk : les instruments à vents braillards de type biniou et cornemuse.

En revanche, la grande trouvaille de TANZWUT aura été d’utiliser parfois les cornemuses davantage dans une perspective électronique que folklorique, nous fusillant habilement les tympans d’airs amélodiques et répétitifs comme un DAS ICH l’aurait fait au clavier. Jamais pourtant l’exercice ne devient lourdingue : prenez "Auferstehung" où les cornemuses sonnent comme une alarme dans un premier temps, soutenu par un gros rythme cassé à la THE PRODIGY, pour ensuite dériver vers un air mélancolique typiquement médiéval (typiquement CORVUS CORAX, en vérité), laissant entendre un chœur enfantin étincelant, presque sacré… pour repartir avec une aise ultra maîtrisée dans ses impulsions acerbes et nous servir un final superbe.

Le gimmick atteint son point culminant avec la claque de rave party médiévo-démoniaque : le bourrin et irrésistible "Im Rausch", où l’on entend d’ailleurs peu de disto… Encore un autre contre-pied qui pourrait en sécher certains : parfois, pas besoin de grosses grattes pour headbanguer la fiole.

Si "Komm Herr" ou "Erinnerung" suivent des idées qu’on aura peut-être déjà entendues autre part, l’énergie et le charisme du groupe s’imposera toujours avec force. Au milieu, "Augen Zu", ballade noire un peu similaire au "Kopfkino" de LETZTE INSTANZ, couplera un couplet parlé et un chant féminin sensuel. Un morceau curieux… et toujours génial.

Les seuls morceaux que je n’arrive toujours pas à vraiment assimiler sont les deux instrumentaux électro-folk "Das Schicksal" et "Die Balz", où les cinq instrumentistes s’emparent de leur cornemuse et jouent en continue à la manière des bagad écossais, sûrement la branche de la musique folklorique qui me plaît le moins. Mais bon, les mélodies sont malgré tout brillantes.

Ce premier essai est majoritairement robotique et dévastateur, bien que parfois étonnamment touchant. Majoritairement sombre bien que dégageant parfois de sublimes ondes de lumières. TANZWUT ne contraste peut-être pas autant qu’on l’aurait voulu mais parvient toujours à étonner, et structure avec audace même les morceaux les moins pertinents.

Il en faudrait finalement peu pour atteindre l’orgasme robometallofolk. L’œuvre la plus complète du groupe à ce jour, et sans doute l’un des meilleurs albums de "Mittelalter-Rockavec Bannkreis" de SUBWAY TO SALLY et "Sünder Ohne Zugel" d’IN EXTREMO… et sans doute LE plus original dans son idée de départ.

PS : pour un Électro-Folk à l’allemande qui va un pas plus loin (mais un poil un moins folk et certainement moins brillant) et sans guitares, jetez aussi une oreille chez les barjots d’HEIMATAERDE, ça en vaut la peine.