Cette chronique est une demande d'un lecteur et c'est cool, car ça me permet de me replonger dans SARGEIST, une formation finlandaise blasphématoire, sacrément sataniste et nettement orientée Black old school sans concession, avec quelques accès non pas d'acné, mais de punk par-ci par-là (si si, écoutez rien que le premier titre, qui en possède). SARGEIST, énième groupe de l'hyper actif Shatraug - l'homme aux commandes d'HORNA, une des hordes de Black Metal les plus prolifiques de la planète, et aux commandes d'une foultitude d'autres groupes et en plus, d'un label, Grievantee Productions. Le groupe s'est formé il y a dix ans pile poil et S.B.D est leur premier long format. Satanic Black Devotion a vu le jour chez l'excellent label ricain Moribund Records (certainement un des meilleurs labels de Black Metal au monde) en 2003, puisque vous voulez tout savoir. Il comporte en plus neuf titres pour environ quarante-deux minutes : c'est raisonnable.

La production de SARGEIST, si elle grésille légèrement, est vachement potable. Un peu comme un live bien saisi. De plus, la voix de Hoath Torog, hurleur chez le compatriote et sataniste BEHEXEN (autre gang de même statut), est réverbérée et accentue le côté caverneux de l'ensemble, qui aurait pu aussi bien être enregistrée à l'entrée d'une crypte ou d'une grotte par nuit claire – de ces nuits nordiques où l'air glacé veut figer dans son givre les alvéoles de vos poumons. Techniquement parlant, Shatraug aux guitares, s'en tire évidemment bien. Celui à qui l'on a marché sur le pied gueule fort bien, avec une conviction toute sataniste. Et le batteur (de BEHEXEN : comme le monde est petit !) fait son travail très honnêtement. Rien à reprocher à l'orchestre à ce niveau-là.

Par contre... Satanic Black Devotion me confirme aujourd'hui pourquoi SARGEIST ne m'a jamais plus que ça tapé dans l'oreille.

Certes, SARGEIST fait du pur Black Metal, sans trop de crasse d'ailleurs. C'est justement le genre de prod que je qualifie de « poussiéreuse » ou grise. Pas mauvaise, pas extraordinaire. Ce qu'il faut. Mais voilà, c'est pareil avec les compos. Ca joue plus vite que du HORNA je suis d'accord, mais hormis la voix et le rythme, c'est quand même du Shatraug tout craché et cela, ça me gonfle sérieux. Shatraug est un type pris au piège de son propre style. Il a une énergie, une passion et une inspiration débordante, certes (certes...). Mais il tourne en rond le bonhomme. Ouais, Satanic Black Devotion groove un max. Ca (se) danse bien. Ca ratatine la gueule. Oui, c'est un Black Metal pur et dur, avec des passages bien sentis et quelques ambiances bien fichues. Mais ça reste basique. Ca reste du Shatraug. Rien ne ressort de ce disque. Satanic Black Devotion passe comme une lettre à la Poste : c'est pas le genre de mammouth que je déguste donc. Je ne m'attarde sur rien. Ca s'écoute bien... mais ça ne se réécoute pas (hormis le titre Panzergod). Satan est là, mais il vient juste pour dire bonjour, taper le carton, avant d'aller à la table voisine où ils ont bien l'air d'avoir de gros cigares et du bon whisky...

C'est pas mauvais, mais c'est pas extraordinaire Satanic Black Devotion. Pas de quoi fouetter sa belle-mère (quoique : on a toujours une bonne raison pour ça). Dans le genre : préférez WARLOGHE.