On le savait, c'était dit, annoncé depuis quelques temps: Taneli Kiljunen ne pourrait jamais plus chanter chez THRONE OF CHAOS comme un fils sprirituel de Alexi « wildchild » Laiho.
La faute à des cordes vocales devenues récalcitrantes (c'est que c'est sensible ces petites choses là !).
Le bilan médical est clair et net: plus de growl, ni de chant heavy black.
Trois solutions semblent s'offrir alors au groupe: s'arrêter là, changer de chanteur ou évoluer dans un style différent.
Nos Suédois vont prendre tout le monde de cours, en proposant une autre alternative: faire appel ni plus ni moins qu'à un chanteur de session ! Ils poussent même le bouchon encore plus loin en recrutant non pas un mais deux ! Ainsi, Niklas Ifeldt (officiant chez DREAM EVIL et PURE X) se charge des parties clean, tandis que Pasi Nykäsen (WARMEN) assure les growls !

Toutes ces précisions en guise d'introduction sont absolument nécessaires pour une simple et bonne raison, celle de vous justifiez l'appellation de cet opus qui quitte le groupe Heavy Black pour celui de thrash-power metal.
En effet, les aficionados de « Menace and Prayer », l'effort précédent datant de 2000, vont retrouver avec joie les créations extrêmes thrash blackysantes, grâce à ce chant growlé avec le très bon et efficace « Johnny B. Dead »: riffs acérés, guitares mises en avant et chants à la hauteur (merci les remplaçants de session car clean ou death, ça assure !). Même principe sur « The system » et « Sleep », « Fistfucking & Alienseed » (tout un programme... Quelle classe !) qui nous délivrent un thrash-death metal tout en incluant des plans clean (N. Isfeldt) sur les refrains faisant suite aux plans caverneux éructés par Nykänen.
Trois titres plaisants et relativement bien foutus, comme TOC avait su nous en faire voir précédemment.

Entre ces titres, s'intercalent avec surprise un power metal quelconque, sans grande inspiration, aussi classique de possible une fois passée la surprise du virage à 90°. Le titre éponyme s'ouvre sur un riff typiquement Heavy Black avant l'arrivée de lead power metal lorgnant parfois carrément sur du LOST HORIZON (typé speed metal) ! Et ce n'est pas quelques lyrics gueulées qui peuvent donner un semblant de nouveauté... Et puis comment ne pas citer « Reason to be », sorte de ballade mielleuse, merdique et soporifique à souhait (un vrai ratage).
On aborde enfin les rivages très surprenant du prog' (« Game », « Fistfucking & Alienseed » par moment) qui dans son final nous ferait presque penser à du OPETH (bien timide je vous le concède !).

Inutile de nier un joli sens de la mélodie (« Game »), ni de ne pas reconnaître des beaux efforts concernant le jeu des guitares, mais THRONE OF CHAOS nous pond là un album globalement honorable toutefois entâché d'un sentiment récurrent de superficialité. Je ne parle pas de galette produite et réalisée par dessus la jambe (de ce côté là, RAS), mais sans aller jusqu'à du « à la va vite », c'est une désagréable sensation de paresse qui transpire ici...

Après la sortie de ce « Pervertigo », le groupe se rebaptisera TOC et changera une nouvelle fois de direction artistique (aisément repérable ici) en s'orientant sur un power thrash-jazzy... Décidément, qu'il est difficile d'exister dans ce terrible océan du metal qui ne laisse pas la place à un album tout juste moyen... Déception.