« Merde, ils sont de retour... »

Allez, je dois vous l'avouer, mais en cette année 2005, c'est par ces mots que j'ai accueilli le second effort d'AUDIOSLAVE.
J'admets que ce n'est pas le genre de réaction qui vous place dans le meilleur état d'esprit pour savourer une production. Je vous dois donc quelques explications -brèves- en guise de préambule... Voilà, je suis un fan inconditionnel de RAGE AGAINST THE MACHINE, ravagé par leur split.
L'apparition de la section musicale avec Chris Cornell me paraissait être une jolie soupape de sécurité pour que nos lascars décompressent en attendant de reprendre le pauv' Zack de la Rocha, tout paumé qu'il devait être (aucune production malgré sa volonté farouche d'y parvenir !).
Mais voilà, en 2005, pas de reformation, pire un second album pour ce all star band !

Plus de rap metal, encore moins d'expérimentations musicales... Juste du Metal alternatif, comme s'amusent à le dire les spécialistes de la sémantique du Metal !
Histoire de bétonner le truc d'entrée de jeu, le groupe nous délivre une splendide triplette d'ouverture ! « Your time has come », sorte de single par excellence, est un morceau d'ouverture qui ne laisse pas la place au doute: ils sont là et bien là ! Efficace, production carrée, riff simpliste mais entêtant. Du pur AUDIOSLAVE !
Le titre éponyme ne dénote pas dans ce paysage introductif et remplit son cahier des charges avec sérieux, avant un « Be yourself » que l'on retrouvera sur les ondes de la FM française à l'époque ! Extrait popisant, minimaliste mais une nouvelle fois faisant effet dès les premières écoutes !
On est de suite rassuré: Tom Morello a su une nouvelle fois imposer sa patte si typique, faite de technicité, de feeling et d'innovations. Il nous gratifie de quelques jolis soli (« Doesn't remind me », « # 1 Zero » très RATM dans l'esprit expérimental), sans attention toutefois atteindre le génie de RATM (les fans purs et durs passeront une nouvelle fois leur chemin...).
Mais les autres ne sont pas en reste, car chacun semble y aller de son morceau « porte drapeau »:
On retrouve une basse ultra présente sur « Drown Me Slowly » grâce à un Commerford toujours aussi efficace.
Sur ce morceau « énervé », le groupe alterne moments énergiques et pauses sonores, sachant parfaitement et judicieusement gérer les deux. Des pros, ces types, on vous le dit depuis tant d'années !
« Man or Animal » permet à Brad Wilk d'afficher l'étendue de ses capacités à martyriser ses fûts avec technicité (ses rafales sur caisse claire sont toujours aussi sympathiques !).
« Heavens Dead » titre lancinant, parfaitement exécuté, met en valeur une énième fois le sublime organe de l'ex-chanteur de SOUNDGARDEN: la voix de Cornell fait toujours des merveilles, désormais plus à son aise sur les riffs de Morello.

Les frontières des sonorités sont franchies allègrement en lorgnant sur des plans très LED ZEPELLINiens, des côtés « bluesy » (« # 1 zero »)... mais la galette n'en possède pas moins son lot de titres faiblards et répétitifs pour ne pas dire « bouche trou »: « The worm » ou encore « Yesterday to Tomorrow » un poil moins inspiré sur son début avant une fin vraiment plaisante (riff de Morello of course !), « Dandelion » trop répétitif ou un « The curse » qui semble hésiter entre « lâcher les chevaux » et « rester sur la défensive ». Les sirènes de la facilité auraient-elles frappé, pour une fois, aux portes d'incorruptibles notoires ? Le doute m'assaille...

Une fois encore, la bombe tant attendue n'est pas tombée. AUDIOSLAVE représente bien sur le papier un combo plus qu'alléchant mais semble toujours fonctionner en mode « tout en retenue ». Des relents des groupes d'origine des membres, des sonorités faisant inévitablement penser aux maîtres du genre (LED ZEP', BLACK SABBATH...) sont autant de preuve du bon goût de nos zicos. Un album à la production irréprochable, qui se révèle au fil des écoutes, mais sans pour autant dépasser le statut de « bon album »... Agréable mais en aucun cas novateur ou excitant.