La Pologne est devenu au fil du temps, le nouveau fief du Death Metal. Un pays d’Europe centrale, extrêmement prolifique sur laquelle nous pouvons désormais compter. Avec comme principal représentant : VADER. Mais pas seulement. DEVILYN compte bien intégrer le cercle fermé des plus grandes formations Death Metal, en nous proposant un style rigide baignant dans l'occulte et le malsain. Cet instinct de rémoras (vous savez, ces petits poissons qui se collent aux gros requins) les place dans le rang des formations de seconde zone.
DEVILYN est donc un second couteau qui fait parler de lui par l’intermédiaire de leur leader : Novy. Un sacré personnage, tout aussi hautain et mystique que peu l’être le sir Azagoth mais en moins crédible tout de même.

Après leur participation à la compilation World Domination II, nos cinq larrons signent chez Listenable Records et sortent en 96 - Anger - un premier opus encourageant (vicieux et très violent). Mais les espoirs fondés seront de courte durée. Vouant une admiration sans limite au Death Morbid-Angelien, ils en oublient le principal : la personnalité. Comme des bons élèves fiers de leurs acquis, ce combo se montre très (trop) respectueux des codes en vigueur. L’art du riff, de la double pédale et du growl (très) caverneux, sont des techniques parfaitement maîtrisées. Mais le manque de charisme est leur plus grand défaut et cet album se révèle moins captivant.

Se voulant terrifiant et angoissant, - Reborn In Pain - reflète en réalité tout le contraire. Ce flot continu d'accords virils nous lasse dès les premières écoutes : ça blast bien mais ça blast trop ! Certes, la brutalité reste une nécessité mais il ne faut pas oublier un point essentiel : de la cohérence et de l’aération ! DEVILYN applique la formule du Death Metal (tendance brutale) avec cette touche polonaise en plus (toujours inspirée par MA). La haute technicité ou la « virtuosité » dont semble jouir l’orchestre, n’apparaît à aucun moment. En rajoutant toujours plus d’intensité, le contenu en devient presque hystérique !( « Reborn In Pain » au processus excessif). Plus... toujours plus. Comme si cela ne suffisait pas de nous agresser, ce groupe nous étouffe. Le peu d’air frais fait énormément défaut à son répertoire. Tout est condensé en un seul bloc divisé en une dizaine de chapitres (onze au total) tous reliés par une voix-off (celle de Novy, bien sûr) clamant un texte avec un je-ne-sais-quoi de mystique, en fin de chapitre. Ri-di-cule. Au lieu de se concentrer sur chaque morceau, DEVILYN applique le même style d'écriture qui se répète beaucoup trop.

On l’aura bien compris, cette formation se complait dans l’excès et la multiplicité des plans rythmiques. En clair : ça bourrine dans le vide et malgré une certaine propreté, ça reste très brouillon. La faute à un son linéaire, semblable à un nuage opaque et brumeux ou aucune particularité nous transcende les tympans (c’est très brut). Cet impénétrable mur du son nous donne le vertige. Ce tourbillonnement prend les allures d’un vacarme incessant qui nous glace le sang par sa froideur et par sa linéarité. Néanmoins, d’une certaine manière c’est plutôt réussi. Le boucan infernal et l’imperfection sonore nous ramènent effectivement vers quelque chose de très sensoriel, pas si éloigné du Black Metal d’ailleurs.
Mais là il s’agit de Death Metal et les références à l’ange morbide pullulent au sein de cette « réincarnation douloureuse » très noire, très opaque, au pilotage automatique bien hasardeux. Par une application systématique d’une recette éculée (à l’ultra violence manifeste), nos cinq polonais n’inventent rien. Ils s’inspirent de la méthode des grands pour faire leur petit Death dans leur petit coin. Cependant, la reconnaissance viendra, faisant de ce groupe (aux allures de faussaires), une formation reconnue et respectée dans le milieu. Peu de groupes peuvent se vanter d’avoir le même statut.

Anecdotique ? Mouais... Culte ? Certainement pas... écoutable tout au plus à condition, bien sûr, de ne pas décrocher au bout de ces quarante minutes infernales.

Verdict : 2/5