VENTURIA est de retour ! Certains afficheront un grand sourire, tandis que d'autres, moins chanceux, demanderont « qui ça ? ». Revenons, si vous le voulez bien, deux ans en arrière. Nous sommes en 2006, un album que personne n'attendait voit le jour, amenant avec lui un agréable vent de fraicheur bénéfique à ce style essoufflé qu'est le metal progressif. VENTURIA est français. Il rejoint donc son compatriote SPHERIC UNIVERSE EXPERIENCE, très bon groupe à qui on peut néanmoins reprocher de rester trop près de DREAM THEATER, maître vénérable mais radoteur. De la nouveauté, de l'audace, voilà ce que l'auditeur assidu recherche. Et c'est bien ce que VENTURIA propose, sûr de faire un carton dans le cœur, ou plutôt les oreilles dudit auditeur.

Rectification : VENTRURIA n'est que partiellement français. La formation est née de la collaboration entre Charly Sahona (guitares) et Diego Rapachietti (batterie), citoyen suisse de son état. Puis Thomas James (basse) s'est joint au duo, suivi d'un chanteur vite remplacé par un Brésilien résidant à New York, Marc Ferreira. A ce quartet s'est greffée, un peu au dernier moment, la chanteuse Lydie Robin. Eh oui, un chanteur et une chanteuse. Et pas dans le registre « la fille est une princesse toute gentille et le garçon un démon à la voix caverneuse », s'il vous plaît ! Marc Ferreira possède un timbre typé metal prog, qui oscille entre médium et aigu, saupoudré d'un brin d'agressivité. Lydie Robin, quant à elle, ne joue pas la soprano et se place au contraire dans un registre très pop. J'en vois déjà qui grincent les dents... Pas si vite ! VENTURIA, bien que partant sur une base déjà établie, le metal progressif technique et mélodique, ose l'originalité, un style résolument personnel, l'auditeur casanier devra donc se débarrasser de ses préjugés pour profiter de tous ces bienfaits. Pour les citer rapidement, un son puissant et clair que l'on doit en partie à Kevin Codfert (ADAGIO), des mélodies imparables, un groove de tous les diables, une technicité omniprésente mais jamais bavarde.

En parlant longuement de "The New Kingdom", j'ai beaucoup empiété sur le territoire de son petit frère, "Hybrid". Et pour cause : les deux albums se ressemblent beaucoup, sans que le second soit pour autant une ressucée du premier. "Hybrid" est un "The New Kingdom" dont on aurait gommé les maladresses et accentué les qualités. La différence la plus remarquable reste finalement l'omniprésence de Lydie Robin, qui donne moins l'impression d'être une invitée. La chanson "Why ? This Women's Life", et d'ailleurs l'occasion pour elle d'occuper le devant de la scène, dans un registre étonnant, mélange de pop et de metal symphonique. A l'inverse, "Hottest Ticket In Town" laisse davantage de place à la facette masculine du groupe, puisque c'est Marc Ferreira qui tient le micro, accompagné pour l'occasion de Gus Monsato, ancien chanteur d'ADAGIO, pour le morceau le plus rock de l'album.

Pop, rock, autant de couleurs qui prennent le pas sur la composante metal prog du groupe. Pourquoi pas ! J'avouerais ne pas avoir été particulièrement enthousiasmé par l'instrumentale très progressive de l'album précédent, "Candle Of Hope Through A Night Of Fears". Ainsi, VENTURIA se veut accessible et délaisse les structures de son genre d'origine. On ne relèvera qu'une chanson dépassant les six minutes, "Sublimated Dementia", équivalent de "Dear Dead Bride" sur le premier album. Une plage de très bonne tenue, d'ailleurs, on regretterait presque que VENTURIA soit aussi avare en pistes longues.

Disons-le franchement, s'il ne révolutionne pas l'univers dans lequel il évolue, le groupe réussit à imposer une griffe qui le démarque immédiatement de ses concurrents. Ainsi, VENTURIA évoque les vacances, la légèreté retrouvée loin d'un train-train devenu lassant, et pour cela, mérite les félicitations.


Pour de plus amples informations, une interview de Charly Sahona est disponible à l'adresse suivante :
http://heavencanwait.free.fr/display.php?type=interviews&id=116