Nous connaissions des power trio qui bastonnent, MOTÖRHEAD pour les anciens, NIRVANA pour les jeunots. Nous connaissions également des duos sympathiques mais inappropriés dans nos pages, The White Stripes. Voici donc un Fucking Power Duo. Pourquoi Fucking ? Simplement parce qu’on les sent passer !! Ils se nomment THE INSPECTOR CLUZO et sur papier, la rencontre de ces deux musiciens avait de quoi faire peur. En effet, deux inconnus notoires, français de surcroît, pratiquent une fusion plutôt rock mêlé d’humour, de second degré et de dérision. Il n’est pas question ici de Marcel et son Orchestre mais bien de T.I.C. Et croyez le ces deux groupes n’ont rien à voir, aucun ne marche sur les plates bandes de l’autre, fort heureusement.
Au-delà de la dimension « festive », (toute proportion gardée), leur musique dégage une énergie incroyable et pleine de groove. Les plus attentifs se questionnent déjà, comment peuvent ils faire groover sans basse ? Et bien, aussi incroyable que ça puisse paraître, ils y arrivent.
Bienvenu dans l’univers électrique et farfelu de THE INSPECTOR CLUZO.

L’ambiance générale du disque sera totalement familière à tous ceux qui connaissent, FISHBONE, les Red Hot et INFECTIOUS GROOVE pour les références les plus costaudes. On y trouve également la qualité d’exécution et le petit grain de folie d’un "Sly and the Family Stone" ou d’un "Funkadelic". Fuzzion décomplexée à l’américaine loin du grand guignol, des copieurs Européens.
Le premier titre de THE INSPECTOR CLUZO se nomme « The Inspector Clouzo » (c’est un très bon moyen mnémotechnique pour s’en souvenir). Les premières notes rythmiques font penser à du AC/DC mais très vite l’ambiance bascule et nos deux lascars accompagnés d’Angelo Moore (FISHBONE) font irrésistiblement monter la sauce. Sur ce morceau, le sax de Moore atomise tout sur son passage en lui conférant une dimension ska.
Ne croyez pas que T.I.C. à tout mis dans ce titre, la suite est du même tonneau. « Change#1 » trouve le moyen d’alterner une ambiance rock sudiste avec un refrain proche de ceux que nous offre INCUBUS. Toujours crescendo, « Mad » nous propose un bon funk rock mais cette fois le phrasé central renvois à URBAN DANCE SQUAD. Le groupe Hollandais sur lequel RAGE AGAINST THE MACHINE a pompé sa recette.
Délire total en plage 4 qui voit l’apparition de Norwood Fisher (bassiste de FISHBONE) au micro pour le titre « Fuck the bass player ». On croirait entendre Sarsippius, la mascotte sous ecstasy d’NFECTIOUS GROOVE. Génialissime et décalé. « Do you make it right », quant à elle, possède un feeling très « Blufunk is a fact» de Keziah Jones, petite incartade toujours ronflante avant un « Turtulututututu » pas piqué des hannetons.
Ça continue dans la folie douce avec « Two days », à croire que les Jackson Five ont été invités en guest. Les chansons sont toutes très courtes et ne dépassent jamais les 3’41, ce qui évite l’ennuie chez l’auditeur et la redite chez l’artiste. « Yourself » singe allègrement Prince et « US Food » sent le génie des feus FFF.
Le propre de la fusion, étant de brasser des influences et casser ce qui est attendu pour le rendre surprenant. Les T.IC. sont assez fous pour avoir mis toutes ces influences sur leur disque et encore plus encore. Un vrai chambard organisé que n’aurait pas renié Frank ZAPPA.


Première partie de SUICIDAL TENDENCIES sur leur tournée française 2008, les T.I.C. n’avaient rien à perdre mais rien n’était joué d’avance non plus. Pour deux raisons principalement ; dans le cadre du live, loin des bidouillages du studio qui fourmillent sur le disque, le duo de foutraques réussiraient-ils à faire monter la sauce ? Et surtout, est-ce que le public de Muir et plus particulièrement celui de Suicidal leur laisserait le champ libre pour s’exprimer ? Pari gagner sur toute la ligne, avec un gros son hard rock et leur attitude décalée, les T.I.C. ont mis tout le monde d’accord. Ceux qui n’ont pas halluciné ou simplement rien compris sont forcément tombés amoureux de ces frappadingues encostardés.