Qu'il fait bon entendre enfin une vraie Bonne voix black dans un disque de black metal médiévalo/viking/pagan/machin.
Non c'est vrai, plus on avance et moins les groupes s'emmerdent pour hurler dans leur micro comme il le faut, se contentant de quelques vagissements de gorge scribouillés et accompagnant très vaguement leurs mélodies à la flûte et leurs pseudo-riffs « épiques ». On a quelque part perdu ce qui rend « professionnel » un chant black : sa capacité à nous déchirer les tympans, le coeur ou les tripes, à exprimer une candeur, une haine, un désespoir certain, et ainsi de suite.

Et sans mauvais jeu de mot, la voix de Heer Zwendelaer déchire.
Littéralement.

Cet égorgement strident et libérateur m'a invité à avoir une écoute plus poussée de GRIMM. Ensuite, plus généralement, la grande qualité de Heksenkringen devient cette facilité dont la formation se cantonne à décolorer un monde du Pagan Metal devenu trop scintillant, et peut-être trop accessible. Une rage intense comme pilier d'un black metal sévère, mais recherchant habilement les contrastes. Les Néerlandais font du black, empruntant un fond médiévalisant et une âpreté que je rapprocherais délicatement des premiers SATYRICON, alors que les quelques nappes d'étrangeté et un ton de voix à la limite entre le chant et la déclamation m'évoquent BORKNAGAR. Au passage je n'irais pas encenser ce chant clair autant que le chant black. L'un est seulement bon, parfois même un peu douteux, pas toujours pertinent, l'autre est énormissime (je le redis pour ceux qui lisent en diagonale...là c'est bien dans la diagonale, non? ).

Pour ranger tout (ou presque) dans l'ordre, on prend la perle qu'est « Verbranding Van Een Heks » : guitares rythmiques rendues aussi tranchantes qu'agréables par une production ni trop souterraine, ni trop arrondie, pointes mélodiques ici et là, seul le solo n'est pas franchement à garder (comme la plupart des soli de l'album), clavier qui fuse, et chant clair hésitant mais pourtant assez prenant (du moins dans ce morceau).

Le champ de bataille est aujourd'hui aux Néerlandais, Heksenkringen est un marasme de haine assourdi par les bruits du fer, dans un environnement qui dévoile sa sensibilité et ses subtilités au fil des écoutes.
L'originalité se balbutie encore entre les riffs martiaux et ce penchant viscéral pour l'art martial qu'est devenu le black épique tombe parfois dans la redite. On ne peut que saluer la force de caractère de l'ensemble, tout en restant légèrement bloqué par l'inaptitude du groupe à véritablement exceller dans TOUT ce qu'il entreprend, chants clairs et riffs plus mélodiques amputant l'album par leur aspect parfois trop bavard ou trop peu pertinents.
Contrairement à leurs compatriotes nationaux de HEIDEVOLK, GRIMM ne tombent pas dans le panneau du folk à deux sous et de l'ambiance Viking stéréotypée.
Une bonne petite révélation...quand même !