Mais par où commencer cette chronique vain dieu ? Je vais vous la faire façon « intro boulet de canon » puis détailler, ce sera peut-être plus simple. Voilà, FUNERALIUM le groupe, né en 2003, est un side-project de Marquis et Berserk, qui eux tiennent les rênes du plus connu des groupes de Doom de l'Hexagone (à la réputation carrément internationale) : ATARAXIE. Se faisant aidé de deux bassistes aux doigts de fée et d'un batteur mastoc, v'là que FUNERALIUM prenait rapidement un visage patibulaire. Vint donc naturellement au monde en juillet 2007 LE monstre qu'est ''Funeralium'', l'album. Autant vous dire : la grosse claque dans la gueule, et pas qu'un peu.

Ce disque me déborde. Comment saisir puis décrire un full-lenght, sorti en double vynile chez Ostra Records, long de soixante-seize minutes ? Comment inspirer au lecteur toute la morbidité, toute la souffrance si bien hurlées par Marquis, comment évoquer la lourdeur et le pachydermisme inhérents au Doom et a fortiori, à l' « Ultra Sick Doom » dont ces passionnés en font leur étendard ? Comment faire l'impasse sur « la beauté dans l'horreur » dont le quintette nous gratifie ? Comment détailler un tel fleuve de déchirements, une telle cavalcade presque au ralenti de ces chevaliers de l'Apocalypse ? L'Oeuvre compte six pistes : une intro et une outro si je puis dire et « Blam ! », quatre gros morceaux gigantesques, dérangeants et mortels à l'écoute - quatre pistes qui vous glacent les veines et vous meurtrissent le coeur, ne vous laissant plus d'espoir, vous vidant de votre vie (je vais me servir un whisky pour réchauffer, sur ce).

''Funeralium'' est ce genre de disque qui vous ouvre grandes les portes de la réalité. Mais les portes de cette réalité que peu osent constater, je veux dire : cette société de mort comme l'a si bien décrit le Nietzsche du XXème siècle, Albert Caraco. La piste ''Let People Die'' – ma favorite – me donne cette impression-là... Je suis pourtant quelqu'un de lucide, je me connais suffisamment pour savoir cela : je n'ai donc pas peur de regarder comment se trame le monde, le nôtre. Même si nos dirigeants font tout pour que l'on n'aille pas mettre nos yeux, nos oreilles et nos cervelles là où ils tissent en silence leurs saloperies, j'apprécie au contraire de savoir dans quelle merde l'on se débat et ce que ces salopards nous promettent comme autre tartine à la merde pour demain. Bref, là où je veux en venir, c'est que FUNERALIUM nous offre là l'occasion avec son disque tout en lenteur, de marcher au ralenti et d'observer la folie, la mort et l'absurdité de ceux qui vous environnent... Un peu comme si vous restiez plantés au milieu d'une place ou d'un centre commercial et que vous regardiez tout ce monde brailler, gesticuler, se déplacer rapidement dans un chaos perpétuel. LA FOLIE – voilà où veut en venir FUNERALIUM. Et la formation nous y mène admirablement bien !

Bien souvent, FUNERALIUM est comparé à BETHLEHEM et WORMPHLEGM, mais si FUNERALIUM s'en approche c'est pour mieux s'en écarter, plongeant avec délice dans un Doom funèbre et macabre, avec en cadeau bonus toute cette folie qu'on ne retrouve pas beaucoup ailleurs dans le vaste univers du Doom Metal... Si vous cherchez donc des références, elles ne seront que lointaines. Dans ce sens de la folie, l'alternance des cris et des growls fonctionnent à merveille. Marquis maitrise ses cordes vocales encore mieux que ses six cordes métalliques. Les lignes de basses elles, glissent et se lovent comme le python autour de votre gorge et le batteur est au poil carré : irréprochable... Après... Après je devrais vous décrire la manière dont sont structurés de tels monuments intemporels ? Allez vous faire foutre !! J'espère juste vous avoir suffisamment décrit, au contraire, l'atmosphère de ce bijou de Funeral Doom. Car tout se trouve là-dedans. ''Funeralium'', ce serait peut-être le ''Death – Pierce Me'' (SILENCER) du Doooooooom... Voilà, je n'ai rien d'autre à dire pour ma défense messieurs-dames les jurés. Y'avait longtemps que je n'avais pas pris une telle gamelle en matière de Doom !

FUNERALIUM – ou comment le Doom se fait FOLIE. GIGANTESQUE !!!
4,5/5