Une bande son pour vos cauchemars... Un voyage en Enfer... Un voyage intérieur, une introspection dans l'Horreur, dans ses propres peurs également... Du rafinement, de la beauté dans l'horreur même – du sang et de l'or. SOMBRE PRESAGE aurait très bien pu illustrer un film comme Hellraiser ou bien illustrer musicalement les Livres de Sang du toujours même Clive Barker... Cette ''Errance'' en trois actes (Une ''Errance'' suivie d'un ''Abattement'' et clôt par un formidable ''Abandon'') est une plongée dans des abysses si anciennes que même l'inconscient n'y a plus accès... ''Errance'' est l'errance d'une âme damnée, en peine, pourchassée, maudite... Comme si notre esprit, en lévitation, poursuivait un être sur lequel on ne peut mettre un visage, mais que l'on sait connaître... On le suit, de haut : cette âme est poursuivie et elle sait qu'elle ne pourra fuir longtemps... Sa mort terminera sa vie tragique. L'horreur la suit. Lentement mais sûrement. Le silence est pesant. Il n'y a pas un seul bruit. L'âme erre, l'âme a peur de connaître le néant...

Au primitif, SOMBRE PRESAGE retourne.

Enfin je dis ça, mais je ne connais pas vraiment le parcours de Voxum, seul maître à bord de SOMBRE PRESAGE, originaire de Lyon et également patron de son propre label underground, Occultum Productions. Les moults productions du sieur me sont inconnus, même si je sais qu'elles sont estimées par une petite frange de l'underground. Mais ''Errance'' me subjugue. ''Errance'' est au temps une Œuvre musicale qu'un véritable voyage mystique et personnel – aux confins du Drone, du Doom et de l'Ambiant. ''Errance'' est une œuvre contemplative, qui s'écoute et se vit, uniquement axée sur l'imaginaire et les émotions...

Ce martèlement ou ce bruit de chaine régulier, ces guitares déchirantes, étirées et tous les délicats effets sonores font de cette ''Errance'', première piste, une longue procession hypnotique réellement fascinante. Quinze minutes de folie douce, quasi chamanique, assûrément transcendante... Une douce ''Errance'', mais horrifique errance qui ne peut mener qu'à...

L' ''Abattement'' seconde piste du triptyque et qui contraste avec les deux sœurs. Rythme tribal soutenu de basses, avec des cris réverbérés sur le fond et divers sons lointains emplissant l'espace sonore - on se sent rapidement étouffé et plongé dans l'horreur absolu de l'abattement qui vient peser sur le corps, l'esprit et l'âme... L'errance conduit au néant : rien n'a de sens.

C'est alors que l' ''Abandon'' surgit... Douce folie au rythme également tribal (qui rappelle le passage de la sorcière dans Conan le Barbare !) sur lequel viendra se poser une nappe de synthé xylophonienne et cotonneuse – un hommage à BURZUM ? - pour une durée dépassant les vingt-deux minutes... J'adore ce genre de piste car je peux faire autre chose pendant son écoute et soudain je me réveille : elle venait en fait de m'emmener carrément avec elle, dans son univers... Si cela pouvait seulement se passer pour de bon !

Nullement agressif, sombre sans être collant de dépression ou d'envie destructrice, cette ''Errance'' est un bijou dans son genre. Voxum, au travers de SOMBRE PRESAGE dévoile ici un réel talent de compositeur aux émotions finement aiguisées. Sa musique est divine. Une sublime ''Errance'' et l'une des plus belles choses que j'ai entendu en 2008. Une douce et agonisante mort...