1998, une bande de potes décide de monter un groupe de hard rock et d'enregistrer leur premier album. Difficile de faire plus banale comme introduction. En leur rang, Fred Guillemet, l'ancien bassiste de TRUST à l'époque de la reformation de 1988, et le chanteur-guitariste Bruno Recrosio qui, pour la petite histoire, a fait parti en 1977 de KILLERDRINK, un des premiers line-up de ce qui allait ensuite devenir TRUST. Bernie Bonvoisin était à la batterie et Nono n'était pas encore dans le groupe. FACE TO FACE, le groupe regroupant des anciens Trust (Fred Guillemet et Farid Medjane) au début des années 90, venait de splitter après un dernier album en 1996 (We Love Gas), mais BOXER n'en est pas la suite logique. BOXER, le concept est simple : faire du « fun rock » donc du rock aux paroles simplistes et débiles, décrivant des situations absurdes de la vie courante, un peu comme le faisait si bien LES SHERRIF de Montpellier. Suffit de mater les titres pour mieux comprendre ("C'est Fromage Ou Dessert", "Pif Le Chien", "T'es Gentil Tu Tires Pas L'Pull"....).

1998, le hard français a vraiment souffert des années 90, on ne compte plus le nombre de groupes qui se sont séparés. TRUST venait de se reformer avec Europe Et Haines et bien entendu, BOXER n'avait pas la prétention de rivaliser avec ces derniers. Touche C'est Du Rock est nettement plus simple, direct, dépouillé, minimaliste même avec des guitares évoquant l'esprit des vieux TRUST (du premier album et de Rock 'n' Roll en particulier). Par exemple, le rythme boogie de "Touche C'est Du Rock" n'est pas sans rappeler celui de "Bosser Huit Heures" et les premières secondes du morceau avec le court solo sonnent comme du Joe Satriani, époque Surfing With The Alien, Le riff de "Pif Le Chien" lui tape plus du côté de "Rock 'n' Roll Star".

Le son est sec comme il faut et l'esprit du hard français des années 80 est bien là. Bruno Recrosio ne joue pas vraiment les rebelles de la société, son chant n'est pas très agressif d'où le choix surprenant pour BOXER de faire quelques reprises de TRUST en concert. Quel contraste entre le répertoire décontracté de BOXER et celui plus énervé de TRUST, surtout au niveau des paroles. Le risque serait de voir BOXER catalogué comme un tribute-band de TRUST ce qui est bien sur loin d'être le cas. Bruno Recrosio est très fort par contre pour jouer les rockers blasés, « on ze road » avec tous les clichés qui vont avec comme sur l'intro de "J'ai Plus Envie D'en Jouer". On sent qu'il prend vraiment son pied. Le chant est vraiment un des points forts du groupe, il contribue grandement à sa personnalité et à sa caution « rock ». Bien entendu, il n'est pas dit qu'un metalleux s'y retrouve car on est loin des chanteurs criards à la Balavoine version hard rock.

Si les tempos de BOXER peuvent s'agiter de temps en temps ("Un Homme A La Mer", "Touche C'est Du Rock", "J'ai Plus Envie D'en Jouer", "Costards A Volonté"), avec des vocaux plus énergiques, globalement on reste dans des mid-tempos pépères. On ne retrouve pas forcément les mélodies qui seront présentes sur le prochain album, Carton Rouge. Bien que le disque soit assez court, moins de 35 minutes, on trouve quelques longueurs sur certains refrains, répétés un peu trop souvent ("T'as Une Heure Pour Quitter La Ville", "T'es Gentil Tu Tires Pas L'Pull") ce qui leur fait perdre de l'efficacité, dommage ! Alors, BOXER, rock ou hard rock ? Les références du groupe se situent clairement vers le hard rock, on est quand même plus proche d'AC/DC ou de ROSE TATTOO que des ROLLING STONES même si les paroles, les thèmes abordées, le côté boogie et l'esprit en général aura de grandes chances de plaire aux amateurs de rock. BOXER assurera la première partie de STATUS QUO à l'Olympia en 2002, un signe qui ne trompe pas.