Ouf, ça change un peu quand même. Un petit chant militaire pour débuter, SKYFORGER nous invite à découvrir sa nouvelle offrande au bruit des bottes. Il faut dire que le viking, toujours le viking, pire encore le faux viking venu de l'autre côté de la Baltique (je parle d'un premier album bouclier et casque à cornes), ça commence à bien faire. Alors on est ravi d'endosser le treillis pour démarrer un petit parcours du combattant…et avec le sourire. Une deux, une deux, une…

J'en vois déjà qui commencent à tourner de l'œil, reflux de sucs gastriques et compagnie. Mais si SKYFORGER n'en fait vraiment qu'à sa tête et prend un malin plaisir à se voir réciter tous les chefs d'accusation possibles, il n'en est pas.

- De quoi ?
- SKYFORGER n'a rien de NSBM.
- Ah oui. C'est vrai qu'on pourrait croire que…

Un deuxième album aux accents militaristes, des textes qui prennent toujours racine dans le sol national, une langue mise en valeur, une pochette qui représente habilement le contenu de l'objet, un pays d'origine douteuse car orientale et post-rouge. Comble de tout ça, le disque suivant empruntera une imagerie que beaucoup auront trouvé provocante et de vilaine inclinaison. Et le groupe de mettre toute son énergie pour se laver de toutes ces accusations hâtives. SKYFORGER, une vraie troupe de gentils qui ne veut pas qu'on les prenne pour des méchants.

Tellement gentils qu'on peine à voir la rage guerrière dans cet album au bellicisme modéré. Toujours païen, toujours accompagné d'un flûtiau dont l'utilisation devient de plus en plus pesante dans le monde du metal, et un feeling parfois franchement dansant malgré ce nouvel élan de la soldatesque. En voilà un souci car la pochette ne raconte finalement qu'une partie de l'histoire, une partie assez courte. "Latviedu Strcnieki" (ou "Latvian Riflemen") sentirait presque autant le vrai-faux viking que son prédécesseur. Ceux qui l'ont écouté ont condamné l'évaporation du folklore, il est pourtant toujours là, et trop pour moi. Timide mais envahissant, le pire des deux mondes.

BATHORY a disparu de la gravure, l'orchestre exhibe une plus jolie personnalité. Autre belle nouvelle, le médiocre du chant black de "Kauja Pie Saules" s'est fait éjecté en bonne et due forme. Le son a grandi, s'est éclairci, les textures se sont affinées. Voilà exactement ce qu'on demandait ! Quel bon élève, ce SKYFORGER. Et pour être bien certain de placer ce deuxième album au-dessus du premier, le gang a sorti ses poubelles pleines de lacunes qui envahissaient le disque de 1998.

Mais alors, pourquoi cette note aussi basse ? Parce qu'au fond, il reste une bonne part de banal dans la musique de ces fusilliers lettons. Adorables mais pas encore très adroits pour toucher la cible. On pourrait les louer mais il s'agirait alors d'accorder trop d'importance à un exotisme somme toute très relatif. Non, des artistes qui font plus ou moins la même chose, il y en a beaucoup et "Latviedu Strclnieki" a bien du mal à s'extirper de la norme, quand bien même il viendrait d'un endroit que personne n'a jamais visité. Loin d'être nul et même habile dans son art, que manque-t-il finalement à SKYFORGER ? Voilà, j'ai trouvé. Tout se ressemble sur ce disque. Et ça, c'est très embêtant. On sent une vraie faculté à ciseler les riffs, on la sent aussi souvent s'éloigner. Une constatation qui pèse lourd dans le verdict final.