L’apparition de nouveaux styles durant les années 90 apportait à eux seuls, le renouveau du Hard Rock. La Scandinavie offrait ainsi un catalogue conséquent de groupes (extrêmes pour la plupart) et donnera le « la » pour les générations futures. Mais les avis sont divergents et certains décident de prendre à contre-pied cette époque brutale. C'est le cas d'une formation suédoise : CRAWLEY.

Ce groupe est apparu sur le devant de la scène avec un premier opus en 1992. Totalement passé inaperçu, leur motivation reste intacte et ils réitèrent leur essai avec « Supersonic » sorti en 1994. CRAWLEY, refuse d'adopter une démarche « brutale » dans le but (évident) de faire la différence. En effet, ce quatuor inverse la vapeur et nous propose une sorte de Heavy Rock en y incorporant une véritable potion magique (une substance assez originale et très accrocheuse). Pas de Power (death) Metal ni de fusion quelconque. Non, retour au Heavy inspiré tel que le pratiquait (à une époque) METALLICA.

Pour cela, ils décident de viser haut (et juste) par le biais d’une architecture (d’apparence) classique, entendez par-là plus de cinquante minutes pour l’album et cinq par titres en moyenne. Professionnel, CRAWLEY sait nous montrer tous ses charmes. La qualité de leur répertoire est assez bluffante. L’énergie est omniprésente. Les morceaux s’articulent tout naturellement, proposant un parcours aussi riche que varié. Ce côté polymorphe (le mot est lancé) de leur musique est des plus charmant car il englobe maintes influences. La source d'inspiration lorgne du côté de ALICE IN CHAINS, frôlant par moment le Metal progressif. La diversité est un point important pour ce combo. De ce fait, vous tomberez (le plus souvent) sur une structure Heavy / Hard classique avant de dériver sur accélération (assez surprenante) de Metal prog (l’excellent titre éponyme « Supersonic » est à saluer) tout en repartant de plus belle sur de l’alternatif (grungy) des plus efficaces (avec le remuant « Price Too High »). Mais la véritable colonne vertébrale du disque c'est (surtout) un feeling 100% Hard N’ Heavy. En brouillant les pistes, ce groupe arrive à créer une ambiance assez unique en son genre.

La très bonne tenue du son (solide et chaleureux) est à préciser. Le titre d’ouverture (« Wrecking Crew») nous envahie de sa puissance. Tout ceci est dû à la participation d’un producteur très caractéristique de la scène suédoise (toujours en mouvement) : Daniel BERGSTRAND. De ce fait, La section rythmique est des plus percutante (la batterie est à ce titre excellente). Les guitares sont tranchantes et mélodiques (jeu carré et impeccable). Elles offrent de nombreuses variations (leur panel est assez coloré : « It ») allant du gros riff frondeur (« Mudman ») en passant par la caresse plus intimiste (« Lost My sea » avec son jeu de sitar). A noter que les soli sont bien construits et assez langoureux par moments. Un mot sur le chanteur (très en voix) qui sait varier son registre sans se forcer. Son timbre rocailleux et viril (très Hard-rock) évolue dans la douceur (sans verser dans le mielleux) offre ainsi une bonne tenue à l’ensemble.

Bien sûr le créneau qu’aborde ce groupe en 1994 parait désuet. Cet anachronisme peut être perturbant, d’ailleurs, le public n’adhérera pas. La reconnaissance ne frappera jamais à leur porte. Ne sachant au final à quel saint se vouer, leur deuxième opus « Territorial » sera largement plus Thrash Metal, lui. Par cette ironie du sort, ce sera le clou du spectacle : Leur label Soundfront Records n’aura pas l’impact voulu, autant pour la promotion que son soutien financier... End of line. Mais qu’importe. Doit-on s’intéresser à un groupe simplement parce que celui-ci est connu ? Personnellement, je ne le crois pas. Tant que la musique est bonne, c’est l’essentiel. Et la musique est bonne.

Si on récapitule : nous avons un groupe pratiquant un Heavy Metal polymorphe, très bien produit, mis en valeur par un sens aiguisé de la mélodie et des compositions solides… Bref, il n’y aucune raison de bouder votre plaisir face à ce groupe qui mérite (si possible) toute votre attention.

Une excellente rareté à découvrir absolument.

Note 4/5.