La mode est à la brutalité de nos jours. Il faut croire qu’une véritable épidémie a envahi le monde. Certains s’en tirent avec honneur, d’autres s’écrasent littéralement. En proposant n’importe quoi, il ne faut s’étonner du résultat. Car « Territorial » c’est du n’importe quoi. Et il y a bien une raison à ça.

Il y a un temps, CRAWLEY voguait vers d’autres horizons mais ce temps est révolu, terminé. Il fait place désormais aux sonorités actuelles. Or, CRAWLEY n’est pas à proprement parlé un groupe actuel. Son style est plus classique et un artiste qui n’est pas à sa place se plante dans son travail.

Basé sur une esthétique moderne et brutale, « Territorial » ravira sûrement les amateurs de ce style mais pour les rares initiés au précédent opus, c’est une douche froide qui les attend !
Tout s’enchaîne de suite avec des structures beaucoup plus compactes au rendu plus dense. Ramassées sur elles-même, elles sont un concentré de saturation et d’accords qui nous pètent à la tronche, par le moyen d’un son exagérément puissant. Malgré leurs rigidités, les rythmes restent imprécis et ne laissent que très peu d’espace aux arpèges mélodieux d’avant. La mesure est battue à un rythme soutenu dont le déroulement semble imperturbable, figé dans le temps: celui du matraquage peu aventureux du batteur qui ne tente pas grand chose mais qui lui, au moins, sait rester à sa place. Le chanteur gueule comme un veau ("N.N.P.W") et s’essaye à des accalmies salvatrices, sans grand succès ("T.V. Screen"). Il est un des points noirs qui rendent encore plus décevant, le contenu de « Territorial ».

Du mélodique au progressif, leur répertoire se tourne vers le groovy et le hargneux. La grande similitude avec MACHINE HEAD est tout de même intéressante. La puissance similaire et les breaks meurtriers sont caractéristiques d’une envie (non dissimulée) de rejoindre les grandes icônes du Metal moderne (« New Life » et son démarrage fulgurant.) Mais à force de saturer les cordes et de faire chauffer les amplis, on fini par lasser les patiences, surtout quand on dose mal les quantités: ce qui est le cas, au final, de ce « Territorial », assez bancal...

Les points positifs ? Il y en a quelques-uns, tout de même. De ce fait, le groupe ne met plus une plombe pour démarrer un morceau et n’étire plus en longueur certains passages (intro, breaks) qui méritent à leurs yeux, ce coup-ci, moins d’importance. A ce titre, « Wrecking Crew » le single de « Supersonic » a subi un sacré lifting et la nouvelle version est plus moderne, tout en gardant ses qualités qui lui sont propre, autrement dit un excellent titre, des plus efficace. De plus, on constate que la formule qui consiste à compacter les chansons, marche plutôt bien. Des titres comme « Religion » ou « Feel My Pain » marchent carrément.

Cependant, ce groupe procède à une mutation où le résultat reste en demi-teinte, glissant par moments quelques étincelles du passé, par des instants mélodiques, soniques du plus bel effet (« Vengeance »). Mais ceux-là se font trop désirer.

Si la production n’était pas aussi massive (les guitares sont énormes et bouffent tout l’espace) et que le chant soit moins poussé dans les graves, je pense que le résultat aurait été différent. Mais il n’en est rien. Il ne faut pas être dupe et comprendre que CRAWLEY visait un registre plus actuel pour s’attirer les faveurs des médias, qui malheureusement n’ont jamais fait échos à son appel. Fin de l’histoire.

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Note d’estime du groupe : 4/5
Note de l’album (en connaisseur) : 2/5
Note de l’album (sans connaître) : 1/5