« - Hey salut Vivi, c’est Ryan Mc Combs, le chanteur de SOiL. Tu te souviens de moi ?
- Un peu je veux que je me souviens de toi, comment pourrais-je oublier ta voix chaude et rauque qui me fait fondre instantanément ?!
- Merci poulette. Dis, ça te tente de faire un tour en moto avec nous dans les plaines désertiques étasuniennes? C’est un tout nouvel itinéraire qu’on a appelé Re-de-fine.
- Moi ? Tu me proposes de venir sur ta moto pour profiter en exclu de ta toute nouvelle excursion ? Bien sûr que je veux ! /bave
- Okay, prends tes affaires d’été et en route baby ! »

Et me voici donc en plein désert au milieu de nulle part, avec mon sac à dos rempli de déos, débardeurs, laits solaires et autres bouteilles d’eau. J’attendais au point de départ, un patelin perdu nommé « Pride ». Cela faisait bien deux heures que je cuisais au bord d’une station service encroûtée avec pour seul compagnon un vieux commerçant pervers et son caniche/teckel nommé Chucky. Au bout de plusieurs heures d’attente, le groupe débarqua en Harley dans un concert de klaxons et de bruits de moteurs ronflants. Et voila que Ryan m’accosta :

- Hey Vivi, parée pour la traversée ?
- Un peu tiens !
- Alors let’s go !!

Ni une, ni deux, j’enfourchais la Harley toute rutilante de mon chauffeur (s’il vous plaît). Je fus surprise par le départ, je ne m’attendais pas à ce démarrage en trombe, je compris vite qu’il fallait que je m’accroche un peu plus si je ne voulais pas me retrouver les deux fesses sur le goudron fumant. Malgré l’attente, le point de départ « Pride » ne m’avait pas déçue. C’était une digne entrée en matière : je sentais toute l’agressivité et la cadence du moteur. Difficile de résister à ce groove incisif, et je me mis à taper frénétiquement du pied. Ryan était tellement content de mon enthousiasme qu’il se mit à accélérer un gros coup à l’entrée de notre deuxième étape : « Redefine ». La mécanique était parfaitement huilée et j’en oubliais le soleil de plomb qui me tapait sur les épaules. Mais sans trop comprendre pourquoi, il se mit brusquement à ralentir au milieu du refrain, comme si le moteur semblait s’engluer dans sa propre mécanique. La hargne des couplets laissait place à un refrain un peu trop sucré à mon goût. Bien qu’un peu déroutée par ce surplus de mélodicité, ma déception fut oubliée lorsque nous traversâmes « Can You Heal Me » et ses couplets légèrement orientalisés et le très gras et surjouissif « Cross My Heart ». Je pouvais apprécier toute la lourdeur des Harley, le groupe suait, les gouttes collaient à mon t-shirt, et dans un moment de folie, je balançais mon casque dans le sable brûlant. Et c’est après cette escapade que le convoi se mit alors à rouler bien gentiment pendant un moment, comme si le mode automatique était enclenché. J’étais plus occupée à regarder le paysage sans fin de la road 66. A la traversée de « Remember », ils semblèrent même avoir des roses coincées dans la bouche. Cela donnait un côté lover pas très convenu, limite ridicule. Le parfait consensus entre l’agressivité et les passages mélodiques. Sauf que c’était bien trop mimi !!

- Hey Ryan, vous jouez aux romantiques maintenant, c’est quoi ce délire ?
- Ah merde, ça ne te plaît pas les refrains mélodiques et tout ?
- Bah c’est sympa, mais ça devient vite lassant !
- Ah bah attends, j’ai ce qu’il te faut.

Ryan ne m’avait pas dupée, voila qu’à l’arrivée de « Deny Me », il me fit profiter d’un rodéo dans les collines parfaitement rythmé et entraînant. Les couplets étaient vraiment percutants, j’en ai encore mal. Les autres membres s’abreuvaient de binouzes comme il se doit, et j’en fis tout autant. Revigorée par cette montée en puissance, je ne vis pas arriver « Something Real ». La constante n’est décidément pas de mise, et une espèce de lenteur poussive semblait habiter le lieu. Il fallut attendre « Love Hate Game » pour voir SOiL remettre un bon coup d’accélérateur dans la rythmique. Sauf qu’un gros nuage vint assombrir le paysage brûlant : ça se nomme « Obsession ». Je fus prise d’une deuxième hallucination : lors des couplets, j’avais l’impression de les voir agiter des briquets au dessus d’eux. Mais qu’est-ce qu’ils avaient donc ? Je voulais de la sueur, du cuir qui colle à la peau, de la bière qui coule à flot…Pas des passages tout jolis avec un piano qui me filerait presque une indigestion si ce n’était pas rattrapé par un refrain plus rythmé et des breaks audacieux. Notre périple toucha alors à sa fin, et nous nous arrêtâmes au panneau « Etat de Californie ». Je descendis de la Harley et Ryan m’arrêta :

- Alors ça t’as plu ?
- En toute franchise, j’ai trouvé ça moins bien que Scars.
- Ah bon ? Et pourquoi ?
- Il y a des passages très sympas, vraiment bien, j’ai trippé comme une groupie en mal de poils et de sueur, mais ça sonnait parfois trop gentil Vous avez hésité entre l’agressivité et la mélodicité, ce qui donne un résultat coincé entre deux chaises. Ce n’est pas toujours bien ajusté. Au final, vous avez perdu en efficacité ce que vous avez gagné en mélodie. C’est moins agressif, moins tranchant, limite petits bras.
- Mais si tu devais noter ce disque, tu lui mettrais combien sur 5 par exemple ?
- Un 3/5, car ça reste de bonne facture dans l’ensemble. Et il y a des moments vraiment jouissifs.
- Bon bah c’est pas mal, on essaiera de faire mieux la prochaine fois. Bon allez maintenant les enfants, on se fait un Mc Do/ciné ?
Et après un dernier rot commun, ils se mirent à hurler à pleins poumons :
- Ouais, on va aller voir Le Monde de Némo ! » .