Un second album qui n’a pas même eu l’opportunité de se faire attendre. Après tout, « Heaven’s Gate » s’était montré tellement attachant qu’une suite paraissait indispensable. Et tant mieux si les norvégiens n’ont pas fait jouer un suspense inutile sur leurs capacités à lui donner une suite du même calibre. « Journey Of Souls », en dépit d’un terrain de jeu plus tortueux, constitue un successeur réussi.

KELDIAN a considérablement étoffé son heavy. Alors que son premier album faisait la part belle à des compositions aérées et directes, celui-ci prend presque une orientation prog. Pas dans les plans alambiqués, il n’y en a guère. Plutôt dans cette façon de travailler sur la profondeur. Chœurs, effets électroniques, breaks, on a droit à un album dense et long à sonder. Autre différence avec « Heaven’s gate », elle coule de source, l’accroche n’opère pas de la même façon. Alors que ce dernier produisait son jeu de séduction sans plus que ça tourner autour du pot, « Journey Of Souls » arbore un air recherché qu’on ne lui connaissait pas. A part sur « The Last Frontier » et « The Ghost of Icarus », deux instantanés dans la droite ligne des débuts de KELDIAN, le reste des festivités s’affranchit de la structure chaleureuse et plutôt facile habituellement adoptée, se livre sans précipitation, avance et recule tour à tour. Une pudibonderie étudiée, notez bien, car le charme opère inlassablement, voire encore davantage.

Au jeu du striptease précieux, les Norvégiens plaquent d’excellents moments. Tout juste épique, tout aussi aérien que son prédécesseur, poussant plus avant encore son concept cosmique, « Journey Of Souls » ne laisse pas grand-chose à quoi la critique pourra se raccrocher. Entre « The Ghost of Icarus », morceau placé en première ligne qui fait preuve d’une fougue communicatrice, « Lord of Polaris » et ses chœurs raffinés, le long « Memento Mori » doucereusement caressé par des cordes pénétrantes et balancé le long d’un rythme hypnotique, le voyage aux cœurs des étoiles s’avère réussi. Petite surprise, KELDIAN fait une courte incartade du côté du speed mélodique sur « Vinland ». HAMMERFALL dans les chœurs, FREEDOM CALL dans les cuivres, on s’y croirait.
« Journey Of Souls », c’est la classe d’un WUTHERING HEIGHTS, l’épopée dopée aux mélodies d’un SHADOW GALLERY et l’esprit enjôleur des années quatre-vingts.

Un album qui vient de s’engager plus avant sur le pont reliant le hard Fm et le heavy exhumé puis réhabilité voila dix ans. Sur « Journey Of Souls », KELDIAN démontre une adresse impressionnante et propose un second album d’excellente tenue. Enfin, il rejoint ces formations qui n’éprouvent aucun complexe à se positionner un peu plus en retrait des autres, alliant modestie et discrétion, mais qu’on suit toujours avec intérêt. Maintenant que les norvégiens viennent de sortir un second album qui confirme les qualités du premier, je l’affirme sans souci, on pourra probablement compter longtemps sur KELDIAN.