THE ONE nous vient de Grèce après avoir transité un temps par l'Angleterre. THE ONE a donc les deux pieds dans les deux pays. Deux patries pour un duo un peu spécial. L'Angleterre d'aujourd'hui fournit désormais des formations de qualité en matière de Black Metal – il était temps ! Et la Grèce voit de nouveaux groupes émerger depuis quelques années qui impressionnent grave (mais je soupçonne que les Italiens, qui s'associent souvent à eux, y soient pour quelque chose). THE ONE, c'est surtout l'autre horde plus personnelle encore, d'Alexandros de MACABRE OMEN, vieux combo aux productions géniales où notre sieur fait appel... à deux Italiens de FROSTMOON ECLIPSE...

C'est à un Black Metal très dense, intense, chaotique, sacrément occulte et tout en tension avec une production puissante et épaisse auquel nous avons ici affaire, avec un son organique, bien live. Quand je me torture la cervelle pour rapprocher THE ONE d'autres ténors du genre, le seul nom qui me vienne en tête, c'est ARCKANUM – l'ARCKANUM des trois premiers albums. Peut-être DRUDKH, PORTAL, NOCTERNITY ou INQUISITION également pour certains plans ? Mais l'incroyable densité de l'Oeuvre l'en écarte assez vite, l'imposant en seul Maître (je pense notamment à la piste n° IV, où des chœurs grégoriens se mêlent aux cris tirés de films pornos et se terminent par des hurlements de rire – quelle putain de piste - quelle PUTAIN d'AMBIANCE !).

Il faudra à l'auditeur je pense, un grand nombre d'écoute pour en saisir toute la richesse. ''I, Master'' est également le reflet suprématiste de l'ego de son leader. Bon, faut avouer que THE ONE nous fout-là une volée de coups de pieds dans les bijoux de familles qu'on n'est pas prêt d'oublier, éclipsant d'entrée la splendeur de MACABRE OMEN pour le coup... Déjà que son premier méfait, ''Guardians Inhuman'' sorti en 2003 et lui aussi chez Total Holocaust Records, avait bousculé les esprits. Là, ''I, Master'' finit de traumatiser les esprits pour s'imposer en véritable référence. J'ai beaucoup hésité entre le 4,5 et le 5, je vous le dis...

A peine long d'une demi-heure pour à peine six titres, votre assiette sera pourtant bien emplie et vous aurez assez à manger. Le plat est chaud comme l'Enfer et pourtant, dans l'estomac, il vous paraîtra glacial et vous figera sur place. Quand je disais que ce disque était occulte, il l'est foncièrement. Tout est basé sur l'ambiance. Tout est plein à ras-bord. Le génie d'Alexandros est d'avoir compris qu'il fallait emplir l'espace sonore pour nous asphyxier. Déjà, la voix : Alexandros a une voix de spectre, pas rageuse, pas tout le temps présent, non il éructe avec la gorge sans trop forcer et terrifie. Les guitares et la basse... Mazette, c'est un mur sonore dont les mélodies sont à peine perceptibles. Elles sont tordues, vicieuses, répétitives, hypnotiques voire subliminales. C'est véritablement impressionnant. La batterie fait efficacement son travail, elle est barbare, elle blaste quand il le faut et s'appesantit avec ferveur... Enfin, les samples, les effets de synthé et les quelques plages de synthé... Pour faire résumer leur apport : ''I, Master'' est l'un des rares disques de Black Metal qui me foutent les jetons. Ça n'a pas l'air humain, tout simplement. Tout ce que l'on y entend est fascinant mais ne renvoie pas à quelque chose de connu.

Je ne pouvais pas faire autrement, en fin de compte, que de mettre la note maximale à ''I, Master''. Agenouillez-vous et appuyez votre tête sur le billot : je vois le bourreau arriver avec sa hache.