ZEMIAL, ce sont des vieux de la vieille. C'est bien beau de dire que le Black Metal est né début des 90's en Scandinavie. S'il est « né » là-bas, c'est parce que des mecs de pays froids ont su donner une forme particulière – violente, agressive, charbonneuse, sulfurique à leur métal extrême – et ont réussi à répandre leur peste dans le monde entier. Mais on constate qu'à cette époque, partout dans le monde, vraiment partout (vous seriez étonné de constater comme l'Amérique Latine ou les îles asiatiques étaient en avance...) le Black Metal prend d'autres formes, né d'immondes bâtardises entre Death, Thrash et autres genres. ZEMIAL eux sont Grecs. Ils se sont unis en 1989 – ça va faire vingt ans bientôt si vous avez bien compté. Bon ils n'ont pas été très prolifiques (deux E.P et deux démos seulement !!) pendant tout ce temps mais ils sont partis quelques années en Australie entre temps (et sont aujourd'hui en Allemagne !).

Mais voilà que nos gaillards ont sortis en 2006 chez NYX Records leur premier long format intitulé In Monumentum. Avec VARATHRON, KAWIR, THOU ART LORD, ROTTING CHRIST, DEMOGORGON, NECROMANTIA, NIGHTFALL et SEPTIC FLESH, ZEMIAL fait partie de l'ancienne garde grecque qui tient toujours la route ceci-dit. Bon ZEMIAL, aujourd'hui, c'est plutôt l'affaire d'un seul homme, Archon Vorskaath. Au vu du metal joué par notre Grec, « il a pas besoin d'être plusieurs »... En plus son frérot vient l'aider et en studio et en live pour la seconde gratte : que demande le peuple ?

Le recette de ZEMIAL, elle est simple comme bonjour : prenez le plus doux de votre Hard Rock, le plus doux de votre Black Metal, construisez vos compos autour de quelques riffs entêtants, répétez à l'envi, posez quelques soli qui vous feront rendre nostalgiques, glissez des parties acoustiques et nappez de claviers et de chœurs appropriés. A la batterie, un poum-tchak de circonstance fera fort bien l'affaire sur la longueur - bon ça va parfois vite quand même, comme sur Born the Crimson Flame. Pour les voix, un truc cool, une voix grave mais pas trop et là aussi, n'ayez pas peur des voix claires. Rajoutez un orgue comme sur le second titre, ça sonnera BATHORY (y'a que ce second titre qui a vraiment plus la pêche que les autres). Pour mettre tout cela en valeur, faites-vous plaisir, allez dans un bon studio pro qui vous fera une production béton qui bastonne sévère. Heavy-Black Metal ou Black/Rock, oui c'est à peu près ça. Du Blackened Rock des familles même. Voilà ZEMIAL. Le truc tout doux avec lequel vous pourriez vous endormir. Légèrement noir, légèrement sulfureux, qui groove quand même et n'est pas trop mal exécuté. Un In Monumentum qui sent bon la féta, l'herbe fraîche, les dieux antiques, le soleil, la guitare qu'on caresse des phalanges, la barbe noire huilée de camphre, à l'ombre du pin-parasol : c'est ça ZEMIAL. Pépère-tranquille.

Après un premier titre Black/Rock qui va pas vous mettre la pression, on a droit à une seconde track plus mouvementée, sentant le religieux à plein nez. Le Black/Rock reprend ensuite vie sur un mid-tempo un peu plus soutenu qui lui nous fait rappeler BATHORY (influence majeure que reconnaît et assume l'homme-orchestre). Puis le vent grec se met à souffler, un air de guitare acoustique prend le relai accompagné du xylophone/synthé et de murmures : une douce mélodie digne des junkies de Woodstock qui va vous reposer, après tant de violence. Cela a son charme... C'est ça la poésie à la Grecque. Mais attention, ZEMIAL veille au grain : la ballade Black/Rock "March of the Giants" n'allait pas laisser votre cœur ainsi refroidir. Il vous gonfle la poitrine avec ses roulements de caisse claire, ses chœurs masculins, ses martèlements barbares, ses riffs minimalistes et son rock'n'roll de grand fou ! Et je ne vous cause pas des soli ! Terribles ! Et cette fin mes aïeux ! Roulements de tambour et synthé à vous fendre le cœur que même dans Amour, Gloire et Beauté on ne la refuserait pas ! Du grand Art ! C'est à se demander si tout cela est sérieux, je vous le dis. Le pire, c'est que ça tient la route et même, ça a son charme puisque je vous le dis !

"Riddle" se montre lui plus vindicatif même si notre type à la peau mate a du s'emmerder sérieusement à la batterie. Néanmoins, il possède un break fabuleux, simple mais très efficace – que le synthé, trop, trop présent (il a eu une mauvaise idée en l'intégrant celui-là) vient quasi gâcher. La science d'Archon Vorskaath semble plus tenir du Hard Rock que du Black Metal. Enfin, "In Monumentum/Stone of the Ages" vient conclure avec beauté, oui vous avez bien lu, ce disque qui n'effraiera pas votre grand-mère adorée. SCORPIONS ou AC/DC devraient s'en inspirer, ça leur ferait les pieds. Voix claire, chœurs, il rend un hommage tout particulier à QUORTHON, Suédois leader de BATHORY mort d'un arrêt cardiaque en juin 2004. Ce dernier titre n'est ni plus ni moins qu'un excellent tube de Hard Rock, poignant et mélancolique : j'en reste baba !

J'ai beaucoup plaisanté dans cette chronique, mais il faut reconnaître que ZEMIAL a réalisé avec In Monumentum un disque tenant plus du Hard Rock épique et nostalgique que du Black Metal. Si la musique est simpliste, elle est toutefois inspirée, riche et dense et mérite d'être écoutée. De plus notre homme démontre de réelles compétences à la guitares comme pour la composition. Si je voulais introduire quelqu'un dans l'univers du metal extrême, je choisirais peut-être In Monumentum de ZEMIAL.