Ils sont velus, originaires d'Indianapolis et se consacrent au stoner sudiste burné depuis 2002. Point.
On pourrait aisément limiter la description du collectif DEVIL TO PAY à ces quelques lignes, en évoquant à peine leur prestation remarquée au Battle Of The Bands 2003 (compétition dont on se fout royalement, mais alors d'une force...).
Non, ce qui nous intéresse ici c'est « Thirty Pieces Of Silver », un beau bébé de onze titres tous aussi lourds que des semi-remorques. Le format stoner/sludge classique quoi. Au fait, autant vous prévenir tout de suite, DEVIL TO PAY c'est aussi original qu'un cactus en plein désert. Le propos est concis et dépasse rarement les quatre minutes. Le riff se veut bien plombé comme il faut, la batterie sèche et maîtrisée, la basse monolithique et la voix un rien agressive. Bref, le genre de groupe granuleux qu'on croise par centaines dans cette région du globe.

Là où le combo fait la différence, c'est lorsque l'on se penche sur la qualité et l'efficacité des compositions. Et là, on est soufflé: d'entrée de jeu, l'instrumentale « Mouthful Of Spite » déboule tel un bulldozer lâché du haut d'une colline. Deux minutes trente au taquet, le genre de baffe qu'on aime se prendre au réveil le matin (donc vers 12h37 environ). Du coup, on est tout ouïe pour la suite, et on est pas déçu. « The Lamb », c'est typiquement ce qu'on attend d'un groupe officiant dans ce créneau musical: du lourd, bien envoyé, pied au plancher, qui se paye même le luxe d'un changement de rythme à mi-parcours. Un jeu de guitare basique mais pas simpliste, qui ne s'enferme pas inutilement dans le répétitif et ou l'influence de, au hasard, Kim Thayil peut se faire sentir. Pas la pire des références...

On enchaîne avec « Dinosaur Steps ». Rien que le titre, c'est tout un programme. Plutôt dans le genre troupeau de diplodocus fuyant l'agresseur. Foncièrement sludge dans l'approche même si le groupe s’applique à en gommer les aspects les plus extrêmes. Un vrai régal. Peut prétendre à la Palme du Mastodonte de la galette, au même titre que « Whores Of Babylon », qui fait sérieusement concurrence à « 4th of July », de dix ans son aîné. Dans le même registre on pourra également citer « The New Black » ou «Toreador », bien foutus, bien que ma préférence va à des perles brutes comme « Tractor Fuckin' Trailer », « Lowest Common Denominator » ou « Valley Of The Dogs » qui conclut l'affaire comme il se doit.

Bon, on résume ça comment ? En gros c'est lourd, pas forcément très lent ni très original, mais d'une efficacité déconcertante et d'un niveau remarquablement constant. De quoi donner envie de suivre la formation de plus près.
Très recommandé.