A votre avis, si vous deviez quantifier la capacité à évoluer d'un groupe comme DEVIL TO PAY, quelle serait votre réponse ? Pas loin de zéro ? Ouais, pareil pour moi. Quoique, les miracles ça existe. Et le départ de Rob Secrist pouvait être synonyme de changements plus profonds...
Mouais, dans mes rêves, c'est oublier un peu vite qu'il n'y a qu'un seul maître à bord et il se nomme Steve Janiak. Comptez donc sur lui pour maintenir le cap. Plein Sud dans ce cas. Quand on a le choix, toujours prendre la direction du bas, s'enfoncer, tel un alligator des bayous qui s'en va surprendre sa proie.

C'est sans surprise donc que je vous annonce que ce « Cash Is King » est dans la lignée du précédent. Je vois d'ici le sourire ravi des maniaques du binaire, ils vont encore pouvoir s'en mettre plein la panse. Pas si vite, j'ai parlé de continuité, pas de copier-coller. Car le sieur Janiak a plus d'un tour dans sa bedaine. Sans pour autant sortir des sentiers bien balisés du stoner le plus ventru où seule règne la loi du bourre-pif, le collectif d'Indianapolis s'autorise quelques écarts, multiplie les virages, les structures plus complexes. On oublie pas de relativiser au passage.

Mais force est de constater que ce « Cash Is King » est plus riche que son prédécesseur, plus long aussi. Nos Néanderthaliens ont de l'ambition, c'est bien, mais il y a des risques.
La recette de base reste globalement la même: du gros son, des riffs gras, le tout bien installé sur une rythmique solide qui assure un minimum. Des éléments qu'on retrouve sur « Kill Everything », classique et direct, un démarrage en douceur histoire de ne perdre personne en chemin, même si la linéarité n'est déjà plus de mise. On accélère légèrement avec « Little Horns », globalement plus inspiré. Là où on change vraiment de vitesse, c'est sur « Shake Hands With Death », première composition à clairement accrocher l'oreille, du genre bien saignante qu'on dévore avec un réel plaisir. On espère vraiment que ce n'était que l'entrée.

Bien que plus travaillés que sur l'effort précédent, les morceaux ne perdent rien en efficacité et ça fait plaisir. Cette tendance se confirme avec « So Low » ou « Born To Rue » qui offrent quelques bons moments à se mettre sous la dent. Dans un registre plus ténébreux, « Belial » contentera tout autant les amateurs de charges de mammouths et de grosses déflagrations qui font « pan, dans ta gueule ! ». Après ça se complique, l'inspiration commence à manquer, ça tourne sérieusement en rond. Car sans être réellement ennuyeuses, des pistes comme « Swallow The Fish », « The Mountain Comes To Me », « A King's Bounty » ou « Over The Coal » peinent à passionner, ne possèdent pas les arguments nécessaires pour faire la différence, frisent la banalité. Un quart d'heure remplissage donc, malgré le petit sursaut de « The Bottom Line ». A partir de « Ripped From Your Womb », la machine repart et la tension ne retombera plus avant la dernière note de «Niflheim », un final comme on les aime.

A trop en vouloir, on finit par en payer le prix (c'est le cas de le dire) et même si l'affaire est sauvée de justesse sur la fin, la sérieuse baisse de régime à mi-parcours gâche totalement un album qui s'avère être simplement bon, avec des passages vraiment excellents et d'autres beaucoup moins.
Serait-ce le début de la fin pour DEVIL TO PAY, seront-ils encore capable de sortir un single de la trempe d'un « Tractor Fuckin' Trailer » ? Aux dernières nouvelles, la valse des guitaristes continue puisque Bob Bridges a laissé sa place à un certain Rob Hough. La prochaine galette est en route, on verra si elle se déguste aussi bien que la première...