Il y a décidément des jours où je me demande si ma quête d'avant-gardisme, de nouveauté, de fraîcheur (et tout ce bordel) ne me fait pas régulièrement passer à côté d'oeuvres véritablement pertinentes, mais que j'abandonne trop vite pour la simple et bonne raison que les premières écoutes se font peu probantes.

C'est un peu ce que j'ai ressenti avec le « God The Lux » des polonais de VESANIA. Rien de nouveau à l'horizon, pas envie de m'emmerder avec une œuvre qui me paraissait très largement mineure par son classicisme.
Et puis un jour de colère où mon mp3 me lâche, j'ai la bonne idée de me retrouver à écouter Distractive Killusions, dernier avorton du groupe, en écoute à la FNAC. Et là, un putain de soulagement. Ce genre de souffle brutal, imposant, cette violence acerbe matérialisée autant par une orchestration impérieuse que des gros arrangements extrêmes bien bourrins... Bref, à partir de ce jour je me suis dit : "cet album va me défouler pendant un petit moment, il me le faut".

Seconde erreur. Distractive Killusions, au fil des écoutes, s'est avéré être BIEN PLUS qu'un défouloir périodique, mais s'est imposé comme une œuvre bien plus fouillée, qui certes, reste retranchée dans les bases d'un Black Sympho qui sent parfois le déjà entendu, mais parvient à y exceller. Là où j'aurais parier écouter ça seulement une petite semaine à tout casser, je me vois à chaque nouvelle écoute comblé par l'énorme verve, le charisme monstrueux du groupe, et la qualité des compositions de cet album. A l'appui, une grosse production laissant derrière elle une froideur caractéristique, authentique, sachant mettre en lumière tous les atouts des composition, tout en laissant l'auditeur dans une obscurité pénétrante, une colère confortable et emphatique. Soli monstrueux et fougueux, mimiques malsaines d'un vocaliste au timbre grave et bien cradingue, rythmiques condensées, riffs moins mélodiques qu'ils n'y paraissent, et toujours sur le pied de guerre.

A l'instar d'un In Sorte Diaboli de DIMMU BORGIR (que je trouve moyennement réussi au passage), VESANIA tente d'utiliser ses orchestrations non dans l'optique d'en foutre plein la vue à l'auditeur (on est bien loin d'une quelconque gonflette épique), mais plutôt dans celle de créer un jeu d'ombre et de contrastes, de pénétrer encore davantage les ténèbres dans lequel il semble se pâmer. Les grands arrangements ne sont donc grandioses que lorsqu'ils sont totalement ingérés dans un ensemble.

Entre atmosphères hypnotisantes, passages épiques de premières volées, tournures black au rictus démoniaque bien placé, VESANIA, sans parvenir à transcender les codes établis, parvient à saisir toute l'essence d'une musique corrosive mais subtile. Il parvient, dans le même temps à en raviver les braises.
Encore une fois, un groupe de l'est aura empiété sur les lauriers de groupes nordiques qui ont très largement tendance à se reposer sur leurs acquis.
Distractive Killusions est à mon avis l'album que DIMMU BORGIR aurait du nous balancer en pleine tronche... mais pas de chance pour eux, VESANIA a été meilleur sur ce coup.
A bon entendeur.