Il faut être sacrément patient quand on est fan de VESANIA. Après un départ canon avec trois albums entre 2003 et 2007, dont l'excellent "God The Lux" qui mérite facilement cinq étoiles, le groupe nous a fait attendre sept ans pour offrir un successeur au divertissant "Distractive Killusions". Mais quand on sait que VESANIA est le side-project d'Orion, bassiste de BEHEMOTH, on peut accepter de se languir ainsi comme des cons avant de se farcir une autre salade Black Sympho...

Les Polonais se tiennent en tout cas, car le batteur Daray (que tu es supposé connaître si tu détiens une formation de base en Metal polonais) et le bassiste Heinrich sont là depuis les premières heures de ce projet fort original. Quant au claviériste de grand talent Siegmar, il colle ses notes uniques depuis 2000. Seul Valéo, deuxième guitariste, est arrivé sur le tard, pour "Distractive Killusions".

Chaque album de VESANIA a quelque chose de spécial, un son distinct. De la noirceur épique de "Firefrost Arcanum", des ambiances accrocheuses et clinquantes de "God The Lux" et des mélodies créatives et compositions bigarrées de "Distractive Killusions", on passe ici à une espèce de melting pot de tout ça sur "Deus Ex Machina".

Premier constat : la production est un peu moins grosse qu'en 2007, les Polonais délaissent Hollywood pour un truc plus « organique », sans que ce soit aux antipodes. On sent aussi que la basse est plus en avant, instrument qui, depuis "Firefrost Arcanum", avait rongé son frein derrière les claviers et guitares chez VESANIA. Chaque zico a donc son mot à dire dans ce festin Black Sympho monopolisé jadis par les atmosphères cauchemardesques, spatiales et indus de Siegmar. L'équilibre est meilleur, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu'au fil d'arrivée, les fans applaudiront à tout rompre.

Bien sûr, "Deus Ex Machina" a un concept, plutôt flou si vous voulez mon avis, concernant la détresse des artistes qui font appel à un Dieu pour les sauver. Tous les personnages inclus dans les paroles vivotent dans des situations vulnérables et demandent bêtement à un être supérieur de les aider. Bon voilà, je m'arrête là, ça ne vous aiguillera pas davantage pour comprendre la musique, qui ne traduit pas parfaitement cette idée narrative découlant largement de la théâtralité de "Distractive Killusions". Concentrons-nous donc sur la musique et délaissons les histoires de pantin dansant sur une scène enflammée.

La musique de VESANIA couvre encore un large spectre, sans qu'on puisse nécessairement y trouver une logique. Des riffs et notes sombres typiquement VESANIens de "Halflight", "Disillusion" ou "Glare", on tangue parfois vers la lumière avec les popisants "Innocence" et "Dismay". Un bon mélange d'où fuse une panoplie de sonorités rarement convenues, bizarroïdes à souhait et recherchées. Les Polonais n'ont pas pris sept ans pour rien à accoucher de ce quatrième rejeton, les idées sont nombreuses et amenées la majorité du temps avec panache. Le podium trahira mes pensées comme toujours, mais ne crachez pas sur le reste, l'étonnement vous guettera.

Mais... Je prends moins mon pied que sur "Distractive Killusions", qui offrait une théâtralité plus assumée, une prod' plus au poil et des riffs/morceaux plus marquants. Il n'y avait pas de titres faibles comme "Vortex" non plus... Bon, ça, c'est moi. Or, et là je me dois d'être objectif, VESANIA ne souffre pas de manque d'imagination ni ne plafonne musicalement. C'est une bonne nouvelle pour un quatrième album, sensé être celui du tremplin pour tout groupe. La bande à Orion a su consolider ses acquis avec brio sans se réinventer. Il y a davantage de pour que de contre et c'est pour cette raison que la formation contentera - sans éblouir - ses fans de la première heure comme moi et en attirera d'autres avec ce "Deus Ex Machina" à la couverture moins épaisse et soyeuse.

Si vous aimez le Metal Polonais, le Black Sympho à tendance « baroque », des morceaux qui font tourner la tête dans tous les sens, VESANIA vous fournira votre bout de gras. Les autres, essayez quand même, il y a assez de bouffe ici pour satisfaire tout végétalien.

Note réelle : 3,5/5.

Podium : (or) "Fading", (argent) "Disillusion", (bronze) "Halflight" et "Scar".