EDENBRIDGE, LUNATICA, VISIONS OF ATLANTIS. Un trio de formations heavy à chant féminin qu’essaye aujourd’hui d’intégrer GWYLLION. Y parviendra-t-il ? C’est un peu la question probatoire, celle qui ne nous quitte pas cinq ou dix écoutes durant. Dans un registre ferlé où les variations sont réduites à peau de chagrin, dans quelle mesure un nouveau venu est-il susceptible de faire son trou, voire de s’imposer ? J’avoue demeurer sceptique sur la question. D’autant que d’un point de vue uniquement personnel, nombre de groupes au style et aux volontés d’intégration similaires se sont cassé les dents.

Pourtant, GWYLLION dispose de qualités à faire valoir. Outre cette capacité à faire éclore des compos joliment foutues, ces belges-là osent quelques idées. Le piano rebelle de « Strings of Fate », par exemple, ou la rythmique saccadée de « Curse of the Wise ». L’évaporation atmosphérique, plus générale, aussi. Des détails pour certains. Une roue de secours pour GWYLLION. Car en dehors de ces dissimilitudes personnelles, « Awakening The Dream » aurait été totalement dénué d’atouts face à des prédécesseurs qui peinent déjà à s’imposer. C’est vrai que le style semble à ce point dominé par NIGHTWISH que les groupes de heavy à chanteuse disposent souvent d’un espace d’expression anecdotique. Même EDENBRIDGE évolue dans l’ombre, c’est dire.

Difficile d’évaluer cet album. Il est bon, à n’en pas douter. Il demeure insuffisant, cependant, au regard d’un genre décennal que rien ne semble en mesure de chambouler. L’alerte « Strings of Fate » et son clavier néo-classique, « Curse of the Wise » qui a su faire preuve d’intelligence en proposant une cinématique un tant soit peu inhabituelle et des mélodies accrocheuses, « Once Upon A Lifetime » qui surprend par des changements de rythme adroits et un duo au chant entre virilité et faiblesse rafraichissante, le décomplexé « Running Together » qui ose et transforme la digression insouciante, ou encore « Helpless » et ses intonations épiques soutenues, autant de morceaux démontrant que GWYLLION ne manque ni d’adresse ni d’assurance. Il y a chez ces belges de belles idées et l’album ne prend pas l’aspect d’une éternelle redite, réussissant par moments à surprendre.
D’un autre côté, c’est vrai que le chant d’Annelore Vantomme, aussi juste soit-il, n’a rien de particulier et manque même de charisme, par moments. C’est vrai aussi que cette guitare ne sert rien de bien révolutionnaire, se contenant d’accompagner un clavier et des lignes de chant sur lesquels tout semble avoir été misé. C’est vrai enfin que l’enthousiasme a du mal à se libérer, qu’on écoute régulièrement plus qu’on ne participe.

Difficile d’évaluer cet album, vraiment. Plutôt bon et trop juste pour réellement marquer, dans une scène où même les meilleurs ne font pas toujours l’unanimité. Tant que le public pour ce genre d’opus continue de ratisser les nouveaux-venus, « Awakening The Dream » fera certainement quelques heureux. Alors ? Un bon album, allons-y, car plutôt intelligent et adroit, à peu près personnel et sur lequel GWYLLION est venu chargé de petits cadeaux tout à fait bienvenus.

Note : 2,5 / 5