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1998 Die Festung
2000 Paysage D'Hiver
 

1998 Die Festung
2007 Einsamkeit
 

- Style : Burzum, Vinterriket, Hermòðr, Trhä, Bekëth Nexëhmü, Aríht, Nemorensis
- Membre : Darkspace
 

 Bandcamp (597)

PAYSAGE D'HIVER - Die Festung (1998)
Par PAZUZU le 30 Décembre 2007          Consultée 7304 fois

— D’abord, un vrombissement. Puis, quelques notes timidement volées à un clavier s’allongent en minces nuages dans un ciel de musique qu’on voudrait bleu acier, au loin, tout là-haut. Et durant presque deux minutes, la musique de ce premier morceau de « Die Festung » (1) altère déjà très légèrement notre état de conscience sur fond de bourdonnement rassurant et de nouvel Ailleurs en forme de notes de clavier éthérées, sous un ciel qui nous appelle à coups de notes en allongeant les secondes. C’est plutôt attirant, décrit ainsi, n’est-ce pas ? Et c’est même un début assez prometteur pour une démo d’Ambient. Voici ce à quoi j’ai songé pendant deux minutes avant que ne vienne sonner un facteur fou, en pleine musique, en pleine ascension vers Ailleurs.
— Grâce à la musique de Wintherr (5), et n’en cherchez pas la raison car vous ne la trouveriez pas, je me voyais déjà dans l’hiver russe où il faut survivre. Je commençais même à m'imaginer en train de m'entraîner avec Rocky préparant sa revanche sur le Russe Ivan Drago après la mort de son ami Apollo Creed (2); je nous voyais laisser des traces profondes dans le blanc pendant le jogging d’entraînement ; je nous voyais boxer dans le vide et intriguer les Dupont & Dupond du KGB dans leur voiture noire; je nous voyais avancer dans la neige les bras écartés maintenant un morceau de bois mort posé sur nos épaules, étranges messies en plein exercice de musculation sur un improbable chemin de croix; je nous voyais escalader des pentes et hurler enfin de joie au sommet de la montagne. Mais le facteur n’a pas arrêté de sonner dans la musique de PAYSAGE D'HIVER. Et il n’a pas sonné deux fois. Il n’a pas non plus sonné trois fois. Il a sonné un paquet de fois. Exit donc Rocky et rêverie bizarre sur fond de BO Ambient pour un film d’« action », adios nuages, ciels, et bonjour tristesse – et bonjour aussi à Françoise Sagan au passage. Mais que s’est-il donc passé ? Pourquoi « Die Festung », que l'on peut traduire par « La Forteresse »,ne m’a pas, cette fois, accompagné dans ma rêverie ?

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Retour dans le passé, je me repasse ces deux premières minutes plutôt prometteuses du début de « Die Festung », j’écoute bien, et le mot « VINTERRIKET » fait surface (4). Pendant une minute je m’envole au ralenti, les yeux fermés, et j’imagine que l’aiguille de l’altimètre doit déjà pointer vers le paradis de l’Ambient triste. Et paf, le chien… Non, pas le chien, heureusement, mais le facteur. Et pourquoi le facteur ? PARCE QUE WINTHERR (5) APPUIE COMME UN FACTEUR FOU SUR CE PUT*IN DE TRUC QUI FAIT BIP-BIP DANS SA MUSIQUE COMME LORSQUE LA SONNERIE DE TON INTERPHONE BLOQUÉ SONNE POUR UN RECOMMANDÉ. Ou comme lorsqu’un quelconque sonar numérote chacune des bouchées des baleines russes boulottant du plancton américain à cent mètres devant ton sous-marin nucléaire en plein mois d’octobre rouge. Faut-il continuer ? Hélas oui. Alors changeons de ton à présent. Sur « Eishalle », le premier morceau de « Die Festung », une autre des nombreuses démos de PAYSAGE D’HIVER, l’hiver s’ennuie en musique et nos oreilles ont mal. Si Wintherr a souhaité surpasser Vivaldi et a voulu transcrire en musique le froid hivernal rougissant nos oreilles, c’est une totale réussite : j’ai mal aux oreilles. Et si Wintherr a voulu insister sur ce seul aspect de la saison pendant les 14 minutes et 56 secondes de ce premier morceau – car la douleur rend très précis dès lors qu’il s’agit de connaître la durée de son supplice –, alors Wintherr devrait pouvoir vendre sans difficulté la musique d’une pub’ pour des bonnets à oreillettes. Car enfin, « Eishalle » fait mal aux oreilles au bout de deux minutes et je cherche en vain à rendre raison de ce choix artistique. Pourquoi répéter la même note stridente tant de fois, Wintherr ? Pourquoi lacérer ainsi ta musique ? Et pourquoi tout aggraver en mettant bien trop en avant cet aspect de ta musique ? L’hiver selon Wintherr serait-il à ce point assassin ? Le froid devrait-il se changer en autant de coups de poignards, l’hiver serait-il un criminel ? Dis-moi que cette interprétation, même loufoque, est bien la bonne, Wintherr; rassure-moi, j’aime comprendre. J’aime ton One Man Band, j’apprécie une partie de ta musique, je parviens même, parfois, à trouver du charme à ta façon de jouer sur du matériel cheap, j’aime aussi quand ton Black Metal danse avec ton Ambient, par exemple dans cette autre démo de ta création, « Einsamkeit ». Seulement, en écoutant « Die Festung », je dois avouer que je ne comprends pas pourquoi je pense tout de suite au mot « aspirine ». Parce que la musique continue, tu en sais quelque chose, et il nous reste encore plus d’une demi-heure à passer avec toi dans le froid. Mais cette fois j’irai plus vite que ta musique et je citerai pour finir Baudelaire à défaut d’Apollinaire puisque celui-ci vient à l’instant de décliner mon invitation en me laissant ce SMS: « RV Pont Mirabeau. Viens seul».
*

La seconde partie de « Die Festung » se divise en quatre morceaux. Mais le cœur n’y est plus. Le mien du moins, car Wintherr insiste encore en épuisant jusqu’à l’absurde un certain minimalisme musical pourtant très inspiré sur une autre démo datant de la même année, 1999, et intitulée « Paysage d’hiver » (5). Puisque « Die Festung » s’achèvera donc à présent dans une trentaine de minutes et que se succèderont, dans l'ordre, d'abord une même formule triste répétée dans « König Winter », ensuite deux morceaux d'Ambient assez banals qui s'écoutent mais ne se réécoutent pas et qui laisseront enfin la place à l'abominable « Prinz Frost » où reviennent ces affreuse notes résonnant en mal de tête; puisque, donc, j’ai décidé de nous rapprocher de la fin de « Die Festung » et puisque cette fin est triste, alors pour toi, lecteur, je vais renfermer dans la prochaine phrase une vingtaine de minutes de musique Ambient suisse à la fois un peu too much, un peu trop cheap et surtout beaucoup trop longue. Au fond d’une église et au nom de la rose, un musicien suisse interprète, seul, à l’aide de quelques notes et de minuscules effets, une sorte de marche funèbre entièrement « instrumentale » et en partie ridicule à la mémoire de l’hiver, lequel hiver souffle sur des vitraux où s’ennuient le Christ, les apôtres, et moi en quadrichromie. Ainsi est dite la messe, Amen. Et Baudelaire, me diras-tu ? Mais voici donc un peu de sa poésie, il ne nous a pas oublié et on croirait presque qu’il songeait à nous lorsqu’il écrivit : « Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant / Comme s’il écrasait des morts sous ses savates / Hostile à l’univers plutôt qu’indifférent. » (6) Mais non, Wintherr, je ne m’acharne pas, je ne me moque pas, tu m'as seulement beaucoup déçu et ce 2/5 qui vient sanctionner la musique de « Die Festung» me déçoit autant que toi. C’est pourquoi je vais vraiment réécouter la véritable BO de Rocky IV : je viens justement de la recevoir… en recommandé – le facteur sonnant toujours au moins deux fois. Et en parcourant le livret de cette BO, mon regard lit le nom de l’un des artistes: "Survivor"; ça ne s'invente pas, je viens moi-même de traverser justement une épreuve.

**


—PAYSAGE D’HIVER est donc, pour ce que j’en connais, une formation tout à fait recommandable – le titre éponyme à lui seul valant bien, d’ailleurs, ses 4 ou ses 5 étoiles au Michelin du Black Metal et de l’Ambient sombre – mais il est nécessaire au préalable de se documenter et, si possible, d’écouter les œuvres de ce One Man Band pour éviter tout remord tardif. « En l’espèce », comme disent certain-e-s, j’espère vous avoir procuré un compte-rendu acceptable de cet album, ma « note » ne reflétant que mes espoirs déçus quant aux promesses de « Die Festung », cette « Forteresse » que pour ma part je n'ai pas réussi à pénétrer .

(1) « Die Festung », en français "La Forteresse" est une démo à valeur d'album composée en 1999/2000, la même année que « Paysage d'Hiver », et rééditée avec des modifications et des ajouts, comme d'autres démos du même artiste, en 2007 et en digipack de format A5. « Die Festung » est entièrement instrumentale, les claviers étant seuls - mais mal - utilisés. Le début du premier morceau s’écoute et deux morceaux à peine s'écoutent à peu près : « Schneekönigin » et « Eisprinzessin ». Seulement, s’ils s'écoutent, ils ne se réécoutent pas. Pour mieux comprendre mon point de vue sur cette œuvre de PH et ma sévérité - encore aggravée par ce que j'attendais de cette démo après Paysage D’Hiver, les morceaux se trouvent ici en libre téléchargement:

http://www.kunsthall.ch/kunsthall/bands/paysagedhiver/popups/die_festung.html


(2) Dans la série « note de bas de page », je fais ici référence à un épisode de « Rocky IV » où Carl Weathers joue à merveille le rôle d’Apollo, un champion de boxe âgé qui reprend les gants et qui boxe, jusqu’à en mourir, sur le ring. Si ce film est beau et a connu un tel succcès ce n’est pas seulement à cause de la signification politique qui le sous-tendait au paroxysme de l’affrontement Est-Ouest, mais pour beaucoup d’autres raisons: l'admiration pour qui fait preuve de courage, d'abnégation et pour qui le mot honneur n'est pas qu'un mot. Voilà, c’est dit ;)

(3) Une partie de la discographie de VINTERRIKET est chroniquée ici-même par mon éminent collègue – et je pèse mes mots – Possopo. VINTERRIKET est un autre One Man Band, autrichien et a priori bien plus inspiré en matière d’Ambient triste qu’en matière de Black Metal. Il a d'ailleurs osé un « Split album » avec PAYSAGE D’HIVER.

(4) Wintherr est l’alias – le pseudo ou le nickname, au choix– de Tobias Möckl, musicien suisse particulièrement prolifique et dont l’une des œuvres – la meilleure avec Shattengang?- se trouve chroniquée ici-même.

(5) Chronique présente sur ce site.

(6) Charles Baudelaire, « Les Fleurs Du Mal », Pièce XC.

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