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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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Jordan RUDESS - The Road Home (2007)
Par SPHERIAN le 14 Octobre 2007          Consultée 7105 fois

Un nouvel album de Jordan Rudess, ça se mérite. On imagine que le temps libre du divin chauve de la musique est assez limité depuis qu’il a intégré la machine DREAM THEATER mais pour notre plus grand bonheur, le rythme des sorties de ses albums solo n’en a pas trop souffert. Malgré tout, la priorité de Jordan est bien sur DT (qui sont les bourreaux de travail que l’on sait) et cela fait quand même bientôt trois ans jour pour jour que « Rythm of time » squattait inlassablement mon lecteur. Autant dire que la sortie de « The road home » est très attendue.

J’ai maintenant honte de l’avouer mais j’ai été, de premier abord, déçu par cet album. La déception se fit sentir après avoir jeté un coup d’œil rapide au dos de la (magnifique) pochette. La track-list ne contient que six titres mais ceux-ci, dans la plus pure tradition prog, lorgnent tous vers les 10 minutes donc no problemo. Non, le problème me vint des titres des chansons qui me semblaient étrangement familiers. « Dance on a volcano » ? « Sound chaser » ? Et surtout.. « Tarkus » ???? Mon étonnement fit place à la terrible réalisation que le nouvel album de Jordan Rudess était un album de reprises !

Ma déception fut toutefois de très courte durée. Un œil plus avisé aurait tout de suite repéré les noms des musiciens accompagnant Jordan dans son cover-band. Nick D’Virgilio, Rod Morgenstein (eternel complice), Neal Morse, Ron « Bumblefoot » Thal, Kip Winger, bref rien que du beau monde. La set-list est un indéniable hommage aux dinosaures du rock progressif doublé d’un voyage initiatique dans l’histoire musicale de Jordan. Celui-ci n’a jamais caché son affection pour les 70s qui ont participé à son émancipation musicale et étoffé son jeu à la formation ultra-classique.

L’album fait donc office de best-of de titres cultes du rock progressif. L’excellent « Dance on a volcano » de GENESIS (album « Trick of the tail ») ou Neil Morse excelle dans les pantoufles de Phil Collins, le trituré « Soundchaser » de YES (de « Relayer ») qui sonne presque comme du MAGELLAN sur la partie « Glorious Opening », le groovy « Just the same » de GENTLE GIANT ou Kip Winger n’en finit pas d’impressionner ou encore le cultissime « Tarkus » d’ELP. Autant dire que « The road home » est une excellente introduction au rock progressif pour les plus jeunes.

Venons en maintenant aux deux points majeurs: l’interprétation et l’intérêt de ce « nouvel album ». En ce qui concerne mon premier, c’est bien sûr un sans faute. Jordan Rudess fait partie d’une espèce en voie de disparition : celle des keyboards-heroes (un Rick Wakeman ou Keith Emerson), ces musiciens qui ne se contentent pas d’aligner des soli supersoniques tel un Yngwie du clavier (qui à dit Richard Andersson ??) mais qui s’appliquent à créer des ambiances et sons (ahhh les oscillateurs !), qui peuvent seul dicter le feel d’une chanson. Jordan effectue ce travail à merveille au sein de DREAM THEATER bien qu’il soit (à mon sens) sous exploité dans cette formation. En solo Jordan s’en donne à cœur joie en témoigne la magnifique reprise de « I Talk to the wind » de KING CRIMSON jouée entièrement au Steinway et chantée par le maestro lui-même, chose qu’il n’avait plus faite depuis son album « Listen ». Frissons garantis !

Alors bien sûr, certains se plaindront que les morceaux sont trop fidèles aux originaux. A ceux là je réponds : écoutez certains titres des dizaines, centaines de fois et vous en remarquerez les subtilités et le boulot monstrueux accompli par Jordan dans la recréation des sons de synths (« Tarkus ») et l’habile utilisation de l’électronique (« Sound Chaser », « Piece of the π »). La patte Rudess est reconnaissable entre mille et certains solis ont été « Jordanisés » (« Iconoclast » de « Tarkus », « Dance on a volcano ») pour notre plus grand plaisir.
Le temps fort de ce retour à la maison est indéniablement la reprise de l’ultra-complexe « Tarkus » d’EMERSON LAKE and PALMER. Ce titre version Rudess justifie l’achat de l’album à lui seul (pour peu que l’on soit fan d’ELP). Chaque solo de clavier possède une vie et un swing propre grâce à l’électronique et le pan stéréo qui donne une impression constante de question-réponse entre différents claviers. Ecoute au casque conseillée!. Steven Wilson (PROCUPINE TREE) est impressionnant de feeling sur « Stone of years » alors que « Mass » est transcendé par Kip Winger et par un Rod Morgenstein on-fire. Les 23 minutes de ce titre à tiroirs ne m’ont jamais paru aussi courtes.

L’intérêt de ce disque est donc majeur pour n’importe quel fan de Jordan ou de musique progressive mais les autres passeront certainement leur chemin. Il donnera sans doute le gout de l’exploration à certains qui iront se replonger sans attendre dans le coffre à trésors que représente la musique des 70s, sans aucun doute la période phare du rock progressif. On est peut-être un peu déçu de n’avoir qu’un « vrai » nouveau titre composé par Jordan (« Piece of the π », par ailleurs excellent) mais croyez moi, on a parfois l’impression d’entendre des chansons originales tant l’interprétation des musiciens est travaillée. « The road home » n’est toutefois pas l’album idéal pour découvrir le travail de Jordan Rudess en solo et dans cette optique, on lui préférera « Rythm of time », « Feeding the wheel » ou encore « Listen ».

Plus qu’une simple collection, « The road home » est certainement l’un des meilleurs hommages au rock progressif depuis le début des années 2000.

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- Jordan Rudess (piano, claviers, chant)
- Rod Morgenstein (batterie)
- Neal Morse (chant)
- Nick D'virgilio (chant)
- Kip Winger (chant)
- Steven Wilson (chant)
- Ed Wynne (guitare)
- Ricky Garcia (guitare)
- Ron 'bumblefoot' Thal (guitare)
- Marco Sfogli (guitare)


- The Road Home
1. Dance On A Volcano
2. Sound Chaser
3. Just The Same
4. Jr Piano Medley: Soon / Suppers Ready / I Talk To
5. Piece Of The Pi
6. Tarkus



             



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