Maman rentre du boulot et retrouve son fils à genoux en train de se masturber devant son père égorgé, un couteau sanglant dans l'autre main.
C'est de ce genre de trucs dont parle ACID BATH, le chaos, les papillons qui crient, les effets de la drogue, tout ça.

La première réaction de celui qui découvre When The Kite String Pops pourrait être du genre "AAAH MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE POCHETTE IMMONDE !". Un coup d'œil à la signature de l'œuvre et un tour sur wikipedia et sur tueurenserie.org nous informe que John Wayne Gacy est le serial killer américain qui a eu la plus lourde sentence pour ses actes, 21 condamnations à morts (je pense qu'au moins une a réussi) et la sale habitude de tremper ses victimes dans des bains d' acide chlorhydrique pour faire disparaitre l'odeur de putréfaction. Il était fasciné par les clowns et en peignit beaucoup de portraits pendant son séjour dans le couloir de la mort.
Voila qui nous renseigne un peu sur l'ambiance.

ACID BATH est considéré comme un groupe de Sludge. Pourquoi pas au fond mais When The Kite String Pops a une saveur bien plus acidulée que la mélasse de fréquences pourries auquel nous habituent les autres combos de la scène. Rien à voir avec un EYEHATEGOD à part peut être les thèmes abordés et CROWBAR ne pointe pas vraiment le bout de son nez.
En revanche, on pourrait dire que le bain d'acide a un côté Grunge, influence surtout marquée dans la texture langoureuse des parties en chant clair et dans les chansons pop'n'folk que sont "Scream Of The Butterfly" et "The Bones Of Baby Dolls".
La richesse du groupe réside dans l'alternance des ambiances qui se veulent tantôt plombées, tantôt punk/hardcore, le tempo varie sensiblement au sein d'une même chanson et permet une réelle diversité sans que cela paraisse rafistolé avec du scotch (je crois que c'est cet effet là qu'on appelle le talent).
Pour coller avec de tels changements, l'organe vocal de Dax Riggs s'adapte, mute, se transforme plusieurs fois dans une même phrase et donne au groupe louisianais un punch tout particulier. (Après la séparation d'ACID BATH, on pourra le retrouver dans AGENTS OF OBLIVION puis DEADBOY AND THE ELEPHANT MEN)

L'apologie du paradoxe, ACID BATH la cultive à tous les niveaux. L'artwork enfantin mêlé à la psychologie du serial killer, les chansons à propos d'auteurs de bande dessinées pour enfants ("Dr Seuss Is Dead") dérivent inexorablement vers un champ lexical macabre, et, comme dit plus haut, les balades avec un arrière-goût de fin du monde côtoient des mosh-parts surviolentes.

On regrette finalement la durée de l'album, bien trop longue pour notre attention. Inacceptable défaut puisqu'il n'y a aucune baisse de qualité dans les compositions finales et les balades dont j'ai parlé plus tôt ne suffisent pas à desservir une quelconque fonction d'interlude pour permettre au quidam moyen d'engloutir l'œuvre dans son entier en une seule bouchée.
Signe que la scène Louisianaise avait bel et bien quelque chose à dire, ACID BATH est un groupe au moins à connaître pour ceux qui s'intéressent à tout ce qui sort du bayou. Moins sale qu'OEILHAINEDIEU, moins lourd que PIED DE BICHE, mais doté d'un songwriting exemplaire et de musiciens talentueux qui ont de l'énergie à revendre.