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2006 Lover's Requiem

I AM GHOST - Lover's Requiem (2006)
Par ORPHANAGE le 28 Février 2007          Consultée 2755 fois

L’image que l’on peut légitimement se faire d’I AM GHOST, c’est celle…d’un très gros bonbon, très sucré, et très coloré. On aura beau dire, prétexter qu’ils s’inscrivent dans un univers « Gothic », ce dernier n’en est pas moins acidulé, et particulièrement aguicheur, à l’instar des groupes HIM et THE BIRTHDAY MASSACRE. La recette de ces Californiens ? Comme qui dirait un goût prononcé pour les gimmicks graphiques à la Tim Burton, des musiciens grimés en vampires kids, des textes pleins d’amour et de mort histoire de racoler avec un romantisme mignon tout plein…et bien sûr, la musique. Contrairement aux deux autres groupes suscités, I AM GHOST est assez ancré dans une conduite musicale emocore. Bien entendu, les puristes du genre vont s’indigner pour la énième fois. Car, malheureusement pour eux, ce que l’on entendait par emo quand ce n’était pas un phénomène médiatique, quand le terme correspondait exclusivement à des groupes tels que EMBRACE, RITES OF SPRING, ou plus tardivement TEXAS IS THE REASON et SUNNY DAY REAL ESTATE, ce n’est plus vraiment à l’ordre du jour. Fini, la connotation sans grincement de dents qui évoquait un Hardcore émotionnel sans compromissions commerciales ou artistiques. Ce que ces fans de la toute première heure doivent voir dans le mouvement maintenant, c’est un épiphénomène superficiel typiquement adolescent, perdu dans une mode vestimentaire particulière et un style de musique formaté. Il est donc fort probable que ces mêmes personnes ne voient en I AM GHOST qu’un élément de plus de cette vague Pop/Punk mélancolique (car c’est plutôt à cela que l’on a affaire, et maintenant, ce sont les puristes du Punk qui vont grogner, Ah ! j’vous jure !), puisque le groupe est très apprécié par les jeunes ayant succombé aux atours mélodiques chatoyants et hargneux d’ESCAPE THE FATE et ALEXISONFIRE. Les contestataires n’auront bien évidemment pas complètement tort.

Puisque désormais, l’innovation en matière d’emocore est très relative, et la percevoir implique d’être bien intégré dans cet univers musical, de bien en connaître les codes et les habitudes, une oreille extérieure prendra 250 de ces formations pour une seule. Venons-en au fait, I AM GHOST n’est pas fantastique et ne changera pas la donne. Pourtant, sa démarche diffère légèrement de ce que l’on a l’habitude d’entendre en matière d’emo, peut-être principalement parce que son univers personnel ravive un peu l’intérêt et la singularité de l’ensemble. Sur la forme, ce n’est déjà pas aussi conventionnel que l’on pourrait l’imaginer : les jeunes Floridiens, outre la classique section rythmique, guitaristique et vocale, intègrent dans leur formation un membre atypique aux vertus rafraîchissantes : une violoniste/chanteuse. Et l’ajout n’est pas simplement prétexte pour se démarquer dans les photographies affreusement trendy du petit combo, le chant féminin est très présent dans les chansons, et le violon se marie bien aux soli de guitare et aux mélodies en général. D’ailleurs, au niveau des sonorités, on n’est pas non plus dans du « soft », du policé à l’extrême. La plupart des rythmiques de guitare sont largement inspirées du Metalcore, avec ces fameuses alternances de powerchords (souvent jouées en palm-mute) et de notes alambiquées. Donc, c’est bien entendu clinique et convenu, mais ça n’est pas non plus ce qui se fait de plus accessible en la matière. Le travail sur les percussions privilégie une approche grandiose des titres, on passe ainsi de rythmiques speed-punk (couplets de « Lover’s Requiem ») à des rythmes assez rapides et entraînants (la plupart des titres, citons « Our Friend Lazarus Sleeps » et les deux « We Are Always Searching » et « Pretty People Never Lie… » déjà présents sur le premier EP du groupe), puis des mid-tempos, particulièrement plaisants sur la très belle ballade « This Is Home », meilleur morceau du disque. Pourtant, si tout cela pourrait paraître varié, tous les titres ont tendance à se ressembler dangereusement, la faute aux mêmes astuces exploitées pour chacun des morceaux : variations rythmiques, donc, mais aussi, mélodies bucoliques du violon et indentité des mélodies vocales, jouant quasi-systématiquement sur les chœurs entre voix masculine (très proche de Gerard Way de MY CHEMICAL ROMANCE, tout comme l’univers du groupe d’ailleurs…) et voix féminine, tellement que ça en devient fatiguant et sans sobriété.

La sobriété, parlons-en ! Le groupe ne connaît pas. Ainsi, toute notion d’épure est sévèrement bannie des compositions d’I AM GHOST, tout est concentré sur le foisonnement mélodique de tous côtés – on ne pourra pas dire que les musiciens sont manchots ! –, la lourdeur (sens figuré du terme) de grosses guitares metalcore, le violon très présent, les voix envahissantes qui surviennent de n’importe où, les chœurs Hardcore et les screams débarquant n’importe comment. Ainsi, dans ses structures couplet/refrain, I AM GHOST trouve le moyen d’être très désordonné, notamment à cause de ses multiples ponts pas toujours très utiles : ceux-ci ressemblent plus à du remplissage qu’autre chose puisque après avoir écouté un couplet et un refrain, la chanson n’a plus grand-chose à apporter. C’est bien triste, d’autant que le groupe apparaît bien moins superficiel que nombre de ses congénères emo. Même si les compositions sont encore trop ennuyeuses, beaucoup trop homogènes, et conservant toujours un aspect indéniablement « easy-listening » qui ne tranche pas en faveur de l’intégrité artisitique, on décèle plus de folie et de facultés instrumentales chez I AM GHOST que chez bien d’autres combos sans grand intérêt (SILVERSTEIN, pour ne citer qu’eux). Certains moments de vraie beauté (« This Is Home », bonne chanson de Rock) éclairent même le tout d’un très bon sens de l’accroche et de l’instauration des ambiances (le côté vampirique du groupe est très bien retranscrit, peut-être en partie grâce au caractère théâtral du duo vocal), ainsi, le bilan n’est pas si morose.

Ecouter I AM GHOST peut revenir à passer un bon moment, certaines mélodies étant vraiment très bien trouvées, très entêtantes (c’est d’ailleurs l’objectif principal du sextette, à n’en point douter, et c’est un succès, bien plus que chez nombre d’autres emokids à guitares), et l’univers étant somme toute assez original. Attention, on est quand même en plein dans le cliché gothique vampirique enfantin, mais cette juvénilité assumée devient une singularité et une qualité, finalement. Il n’est pas question de dénoncer avec mépris comme le font une multitude de chroniqueurs le côté adolescent et facile d’I AM GHOST, car cela n’est en aucun cas constructif et n’apporte rien. Il convient simplement de faire le point sur une scène emo trop superficielle qui voit ses groupes multipliés en quantité, mais pas en véritable inspiration, il convient aussi d’informer ceux qui seraient intéressés par I AM GHOST pour leur efficacité infaillible qu’ils peuvent tenter le coup sans honte. Non, la qualité intrinsèque n’est pas vraiment là, non, les chansons ne bénéficient pas de l’intérêt à long terme, non, les sonorités n’ont rien de transcendant ou de particulièrement intelligent, en ce sens on ne peut se permette de bien noter l’album. Pourtant, dans son genre, le groupe nage au dessus de la moyenne et procure quelques bonnes vibrations.

2.5/5

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- Steve (chant, cris)
- Kerith (violon, chant)
- Brian (basse, piano, chant)
- Gabe (guitare)
- Tim (guitare)
- Ryan (batterie)


1. Crossing The River Styx
2. Our Friend Lazarus Sleeps
3. Killer Likes Candy
4. Dark Carnival Of The Immaculate
5. Pretty People Never Lie, Vampires Never Really Die
6. Of Masques And Martyrs
7. Lover’s Requiem
8. We Are Always Searching
9. The Ship Of Pills And Needed Things
10. The Denouement
11. This Is Home
12. Beyond The Hourglass



             



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