La dextrométhorphane est une molécule que l'on retrouve dans les sirops pour la toux et qui, ingérée en grande quantité, produit des effets psychotropes qui peuvent aller jusqu'à provoquer un éloignement complet de la vie réelle et une soi-disant dissociation du corps et de l'esprit.
VELVET CACOON est adepte de la dextrométhorphane.

Duo à l’aura mystérieuse, VELVET CACOON a réussi à se faire connaître à force de rumeurs infondées destinées à attiser la curiosité de l’auditeur. On citera par exemple l’emploi d’une diesel harp (une sorte de guitare reliée à un aquarium, je n’ai pas vraiment compris le concept dans la description qu’ils en font en interview), un grand nombre de fausses démos (dont le contenu musical a en fait été volé à d'autres artistes), des shows soi-disant sanglants et une appartenance au mouvement de "l'écologie profonde".
D'après Josh, le leader du groupe, c'est l'influence de la DXM qui aurait provoqué ces excès de mythomanie et il serait en train de se repentir et de dénoncer les méfaits de la drogue, mais laissons ce pauvre bougre seul avec ses remords et parlons plutôt de ce Genevieve, ce disque à la pochette que nous qualifieront de classique pour du metal mais qui reflète pas mal l'ambiance générale de l'album.

Agrémenté d'une production à des lieues des enregistrements dans la forêt avec des magnétophones Playschool, (technique de prise de son traditionnelle du black metal), le son de cet album a été retravaillé pour le dénuer de toute substance agressive et notamment des fréquences aiguës ce qui lui confère un son doux et venteux.
Musicalement, pas de vitesse infernale ni de haine débridée, les américains de VELVET CACOON ne sont que simplicité, riffs hypnotiques, chuchotements malsains et batterie monolithique. La froideur de certaines compositions n'est pas sans rappeler les français de BLUT AUS NORD période The Work Which Transforms God ("Laudanum"), mais ceci dit, ici les structures et les riffs sont beaucoup plus élémentaires. On a affaire à des chansons composées de 2 riffs tournant en boucle une demi-douzaine de minutes environ chacune.

Le talent dans l'art de la répétition n'est pas donné à tout le monde mais il semblerait bien que VC ait la verve et le culot nécessaire pour faire de Genevieve une pièce non négligeable dans le petit monde du black metal drone ambient machin. Tous les ingrédients nécessaires sont là, l'ambiance est permafroöstesque (pas mal le barbarisme, non ?), mystérieuse et surtout… planante.
Il n'est pas vraiment possible de taper du pied à l'écoute de Genevieve, seul ce sentiment de flottaison persiste dans l'esprit de l'auditeur et on peut affirmer que les chansons de l'album font un parfait tremplin pour nous propulser au pays des rêves.

VELVET CACOON puise sûrement son inspiration chez le père du black metal drono-atmosphérique (oui oui, BURZUM) mais repousse les limites du genre en proposant un ensemble bien plus minimaliste dont l'apothéose est atteinte à la dernière piste "Bete Noir", qui n'est en fait qu'un amas de sons cosmiques mais qui a néanmoins réussi à achever ce que Geneviève avait commencé depuis le début, c'est-à-dire nous envelopper telle une chrysalide dans son cocon, nous balancer dans l'espace et nous laisser dériver vers nul ne sait où, sûrement là ou l'obscurité et la lumière ne font plus qu'un.

Comme d'ordinaire avec ce style de black metal, il y aura ceux qui crieront au génie et ceux qui ronfleront.