Little America fait partie de ces nombreux groupes qui sont apparus dans le paysage AOR/rock mélodique dans la seconde moitié des 80's. Ce quartette américain avait débuté sous le nom de The Colours avant de se rebaptiser Little America. Après avoir donné plusieurs concerts dans les clubs, ce combo attire l'attention de quelques labels et c'est finalement Geffen qui les signe(en 1985).

Le premier album éponyme de Little America voit le jour en février 1987. Sur le plan musical, ce quartette se démarque un peu des autres groupes concernant son approche du hard FM: en effet, il colore sa musique d'influences 60's(les musiciens ont été bercés par la musique britannique de cette époque), de consonances folk, voire psychédéliques.

Avec "You were right", qui ouvre l'album, on fait plus ample connaissance avec ce quartette: début soft, popisant, puis le ton se fait plus hargneux et le refrain s'avère convaincant. Cette compo ne manque pas de classe et on a hâte de connaitre la suite. "That's the way it stays" est une compo typiquement hard FM avec les guitares acérées, mais pas trop, les choeurs judicieusement placés sur le refrain, la voix du chanteur Mike Magrisi tour à tour mélodieuse, chaude et rauque. Puis, arrive "Walk the fire", LE hit du groupe, le titre qui a contribué à faire connaître un peu Little America. Celui-ci est assez raffiné, à mi-chemin entre pop et hard FM, plutôt plaisant à écouter. Le combo américain a de la suite dans les idées comme l'attestent "Perfect world", un mid-tempo hard FM aux relents folk, voire psychés, fleurant bon le revival 60's et qui pourrait plaire aux fans de Chris Isaak, l'entraînant et enjoué "Lost along the way" dont le refrain est influencé par la pop-rock britannique, "Heroes", une compo hard/pop raffinée, accrocheuse et typiquement 80's ou encore la ballade acoustique "Walk the land", subtile et mâtinée de relents folks.

Quelques titres plus percutants complètent cet album et lui apportent une touche plus foncièrement hard rock: "Lies" dont le rythme est soutenu, "Out of bounds" qui est servi par des guitares plus crues et fait taper du pied, "Conversation", un titre énergique, bondissant qui est appuyé par une rythmique très solide, et "Standin' on top", un mid-tempo big-rock accrocheur qui donne envie de secouer la tête et qui s'achève par un final complètement fou avec la section rythmique franchement offensive. Ces titres passent vraiment comme une lettre à la poste.

Ce premier album de Little America est plutôt réussi et s'avère être une des bonnes surprises de l'année 1987. Ces 46 minutes de musique montrent un groupe ayant un sens développé de la mélodie, des textures de guitares assez recherchées. Cette approche du hard FM un peu différente fait de Little America un groupe intéressant à suivre. A l'époque, le single "Walk on fire" avait connu son petit succès et avait pris de court le label Geffen, surpris, qui n'avait pas su entrevoir le potentiel de ce quartette. C'est dommage car le premier album éponyme de Little America s'était classé 102ème au Billboard, écoulé à plus de 100000 copies aux USA et aurait pu mieux faire si Geffen s'y était mieux pris pour travailler cet album.