FEJD est le genre de groupe qui a bien compris que son auditoire resterait limité tant qu’ils n’auront pas de maison de disques pour assurer une bonne promotion de leurs albums. Depuis leur première démo, ils ont choisi, pour notre plus grand plaisir, la formule de l’album entier en téléchargement libre, et se remettre ensuite à la sincérité et la fidélité de leur fan pour acheter le matos. Alors quand il s’agit de musique qui est déjà bonne, voire excellente, on va pas se gêner pour télécharger.

Bon moi par contre en révélant la bonne nouvelle trop vite, j’ai perdu peut-être aussi un peu de mon auditoire (bah ouais à quoi ça sert une chronique quand l’album est à télécharger gratos, il nous broute l’autre), mais bon tant pis je vais faire avec les autres.

'Eld' est déjà là la troisième démo pour la troupe de troubadours suédois (dont la plupart dérivent du groupe de heavy thrash PATHOS), certainement la dernière, et surtout pas la moindre ! Avec ‘I en tid som var’, le groupe avait déjà de quoi intéresser le fan de folk notoire (et plus si affinités!), avec notamment des morceaux forts comme « Arv », « Yggdrasil », véritable tuerie de Fest Noz ! ‘ Huldran’ persistait, de manière toujours aussi excellente, avec entre autres le plus posé « Huldran » au refrain mortellement entêtant et l’instrumental « Jaren » (mélodie qui balance et qui donne envie de danser !), pour ne citer que ceux-là.

‘Eld’ ne propose finalement rien de bien neuf, si ce ne sont de nouveaux morceaux toujours aussi festifs et poignants (et puis bon si on grave tout sur un même cd, ça tient !). Festif ? Oui mais n’allez pas non plus y voir les mélodies guillerettes et parfois un peu naïve de moultes groupes de folk rock. Non, FEJD garde quelques tons obscurs dans les ambiances, empruntés à la vague pagan folk (Hagalaz Runedance, Stille Volk et compagnie…). Nulle voix féminine non plus (on est pas chez BLACKMORE’S NIGHT ni chez les Irlandais, non non), mais plutôt une voix masculine aussi mélodieuse que sèche et ferme, rappelant vaguement Jean Louis Jossic de Tri Yann (et d’ailleurs c’est le premier nom qui m’est venu en tête quand j’ai écouté FEJD pour la première fois !), et pourquoi pas un certain IN EXTREMO (en plus joli hein !), avec le "plus" du sédois, langue mystérieuse et qui va comme un gant à l'ami Patrik!

La musique de FEJD est du genre qui reste dans la tête, un folklore nordique aux mélodies qui tiennent les tripes, qui rentrent dans la tête et n’en ressortent pas avant un bon moment, rockisé par une batterie et une basse dynamiques… On se croirait en plein Fest noz (je sais pas comment ça se dit en Suédois, toutes mes condoléances à nos amis bretons) et nous vient l’envie irrémédiable de danser, et pourquoi pas celle de se prendre une bonne petite chope de bière faite maison* pour compléter ?

A part un « Utfärd » assez vite fait, tous les morceaux de 'Eld' sont excellents, de l’épique « Bergakungen » (avec coup de tymbale et rythme chevaleresque à l'appui!) au très calme et plus mélancolique « Eld » (ô merveille, de la guitare électrique…enfin, un ou deux accords). Au final, vingt minutes qui nous transportent au plein cœur des fjells, à l’ombre, autour d’un feu de bois, là où de braves païens jouent, chantent et dansent...
Et c’est sur cette phrase complètement naze que je termine ma chronique, en espérant que vous daignerez jeter une oreille à cet excellent groupe (pour une fois que vous risquez rien en téléchargeant hein ?), auquel je mets un bon 4/5 (pour ‘Eld’ mais pour les autres démos qui en valent tout autant la peine).




(*l’abus d’alcool est dangereux pour la santé)