On ne présente plus Paul Rodgers, n'est-ce pas ? Le légendaire chanteur de Free et de Bad Company a fondé The Law en compagnie du batteur Kenney Jones, connu pour avoir officié au sein des Small Faces(devenus un temps les Faces), des Who(en remplacement de Keith Moon). Autour de ces grandes figures du rock britannique, ce projet réunit quelques invités de prestige. Jugez par vous même: Brian Adams, Dave Gilmour, Chris Rea, auxquels on peut ajouter des musiciens mercenaires.

Vu le casting présent sur cet album, on est en droit d'attendre monts et merveilles de celui-ci. Lorsqu'on jette un oeil sur les crédits des compos, on s'aperçoit que Paul Rodgers n'a écrit que 3 chansons(sur les 11 présentes), les autres compos étant l'oeuvre de différents songwriters(dont Phil Collen, de Def Leppard avec le titre "Miss you in a heartbeat" qu'on retrouvera, d'ailleurs, en 2 versions sur l'album des Lep's "Retro-active").

L'album commence plutôt bien avec "For a little ride", un mid-tempo rock-hard de facture classique, mais entraînant, chanleureux et efficace. Par contre, les choses se gâtent avec le titre suivant "Miss you in a heartbeat", une ballade acidulée, soporifique, très "def-leppardienne" dans l'esprit(normal, me direz-vous: c'est Phil Collen qui l'a écrite). Mettre une ballade en deuxième position sur un album censé être rock, ce n'est pas très malin et, surtout, ça casse un peu l'ambiance d'un disque. Et la suite de l'album est plus ou moins du même accabit: tantôt un titre rock, tantôt une ballade... Les titres les plus musclés, du blues-rock-hard "Stone cold" au punchy "Tough love", en passant par "Nature of the beast" ou "Laying down the law", sont ceux avec lesquelles l'accroche se fait plus aisément. Il est vrai qu'ils sont bien écrits, inspirés. En revanche, les autres titres ne laisseront pas de souvenir impérissable: il est vrai qu'on navigue là dans les eaux de la ballade, voire de la pop. Dans ce contexte, s'il y a un titre à sauver, on optera pour "Stone", une ballade gorgée de feeling. "Anything for you", inversement, mérite la palme du titre le plus horripilant de l'album: ce titre à consonances pop est bourré de synthés et n'est guère différent de ce qui cartonnait à l'époqueau Top 50.

Au final, cet album est une grosse déception(du moins, en ce qui me concerne) malgré quelques bons titres. En effet, plus de la moitié de l'album lorgne du côté des ballades. Paul Rodgers est à créditer d'une excellente performance vocale, mais ça ne suffit pas pour sortir le disque de sa léthargie. C'est bien dommage car parmi les 3 titres composés par Paul Rodgers, 2 figurent parmi les meilleurs. D'autre part, certaines compos auraient pu gagner en efficacité si elles avaient été retravaillées. Bref, l'aventure de The Law n'aura duré que le temps d'un album et on ne sera guère surpris de constater que ce disque n'a pas resisté à l'usure du temps...