Manegarm est un groupe suèdois assez peu connu en nos contrées. Pourtant vétéran de la scène viking/pagan scandinave depuis une dizaine d’années, le groupe est toujours resté plus ou moins méconnu, ce qui ne leur a pas empêché de se construire une solide fanbase, particulièrement fidèle en concert. A l’heure où ces lignes sont écrites (dimanche 18 décembre 2005), le dernier album en date s’appelle « Vredens Tid (The Age Of Wrath) ». Le groupe y délivre un viking metal très folklorique puisqu’on y retrouve entre autres violons et voix féminines. Mais Manegarm n’a pas toujours joué sur ce terrain. C’est ce que le groupe a voulu nous rappeler en sortant en 2004 « Vargaresa – The Beginning », réédition des deux premières démos, « Vargaresa » et « Ur Nattvindar », sorties respectivement en 1996 et 1997.

Pour qui vient d’écouter « Dödsfärd », il est difficile de s’imaginer que c’est le même groupe qui officie sur cette réédition (au packaging absolument superbe, comme d’habitude). Néanmoins rien n’est plus vrai. Avec « Vargaresa », le groupe nous assène violemment un black metal Windirien, sans concession. Le chant est évidemment plus black qu’aujourd’hui, d’une puissance rare dans le genre, et les riffs, globalement intéressants, attirent l’atention dès la première écoute. Ceux qui n’aiment pas écouter un album trente fois avant de commencer à l’apprécier seront ravis avec « Vargaresa », puisque l’accroche se fait très aisément, et la fureur du chant et de la batterie se marie à merveille avec la mélodie des riffs. En gros, du black mélodique sans concession teinté en de très rares endroits de passage viking. Intéressant, mais finalement pas plus que ça.

Ensuite vient l’intro de « Ur Nattvindar », et aussitôt on prend conscience du palier que le groupe a franchi durant l’année qui a séparé les deux démos. Bien plus mature, la musique de Manegarm gagne en puissance, en efficacité, et en richesse à proprement parler. Le virage viking est amorcé, et on ne peut que s’en réjouir au vu de la qualité de cette deuxième démo. Les riffs ont gardé leur côté accrocheur tout en gagnant en ‘profondeur’, dans le sens où on ne s’en lasse pas au bout d’une dizaine d’écoute comme c’est le cas pour une grande partie de ceux de la démo précédente. Les passages folks sont complètement assimilés à la musique, et c’est là le gros point fort de Manegarm. Le dosage folk-viking / black est parfaitement réussi, les parties de violons ou d’instruments traditionnels ne sont ni envahissantes (comme certains le reprochent à Finntroll), ni pompeuses (ce qui revient à peu près au même), ni même déplacées (certains titres de Thyrfing). Non, ici tout est utilisé avec justesse, parcimonie, et c’est ce qui fait la force de ce « Vargaresa – The Beginning ».

Enfin, ceux qui ont eu l’occasion d’écouter les démos originales auront évidemment remarqué la médiocrité du son, dévalorisant dommageablement les morceaux. Un travail énorme a été effectué sur le son, et chaque titre se trouve aujourd’hui réhaussé par une production digne des plus gros studios d’enregistrement. « Vargaresa – The Beginning » est un objet qui séduira les fans du groupe, car il était devenu pratiquement impossible de dénicher les démos en question, et aux fans de metal extrême en général, tout simplement pour la qualité de la musique. Dans tout les cas, l’achat est recommandable !