Le premier enregistrement éponyme des brésiliens de TUATHA DE DANANN était des plus prometteurs, conciliant la puissance du Metal et la truculence du Folklore irlandais. On humait un groupe encore jeune, mais les aptitudes à la composition de pièces aussi solides que visuelles pointaient déjà leur nez malin avec un entrain notable. Des prédispositions qui ne demandaient qu’une deuxième opportunité pour véritablement esquisser l’aube d’un belle aventure.

Et le soleil affleurant à la crête des paysages féeriques de l’Irlande venait ainsi déposer un baiser d’espérance sur nos brésiliens. Il avait pour nom « Tingaralatingadun ». Soit dix nouvelles odes à cet art Folk Metal dont nous comprenons ici qu’il n’était pas appelé à se dissoudre dans le regret des ambitions foudroyées. TUATHA DE DANANN fait ici tonner la puissance de ses guitares et la frappe écrasante de la batterie, avec une production assez brut. Nonobstant, l'épaisseur des rythmiques n’émasculait en rien les tresses mélodiques bondissant sur le crâne des créatures des bois irlandais, festoyant et gambadant au milieu des champignons sous le commandement de la flûte, de la mandoline, du violon et des claviers... Verte Irlande, vivante Irlande...

Mais attention, il ne s’agit pas là d’escompter une paisible ballade en des lieux où l’éclosion des mélodies se ferait la garante d’une emprise joyeuse ! L’ombre s’installe et masque le soleil (le final instrumental "Mac Dara", le long "Some Tunes To Fly", et l'ouverture "Dance Of The Little Ones" offrent de jolis témoignages de ces zébrures ombre-lumière), et le ciel confie parfois à la nuit la primeur d’un éclairage lunaire (l'instrumental "Celtia", le superbe et profond "Tan Pinga Ra Tan"). Et si TUATHA DE DANANN se laisse également aller à deux parenthèses fortement humoristiques (l’agreste, jovial et imbibé "Fin Gan Forn" et l’impayable morceau titre, sous-titré "The Dwarves Rebellion", relatant l’aigreur des nains confrontés à l’incrédulité de ceux qui ne peuvent concevoir leur existence), une fibre guerrière intrinsèque ne cesse de combattre les gargouillis des petites créatures ripaillant sur la pochette luxuriante et colorée estampillant ce « Tingaralatingadun » : Le robuste "Vercingetorix" à l'accalmie pesante, l’inévitable et musclé "Battle Song", et le conquérant "Behold The Horned King" se chargent d’attiser la flamme batailleuse des êtres de la forêt, prompts à empoigner le fer ! Et le groupe se montre là tout à fait convaincant.

S’appliquant ainsi à détailler les ingrédients savoureux sélectionnés pour son premier enregistrement, TUATHA DE DANANN aime à jouer sur les contrastes et déploie un aperçu à la fois concis (moins de quarante deux minutes) et relativement diversifié de ses talents. L’ennui n’est pas invité à la fête, la morosité non plus, et si la production un poil bourrue et la rudesse de certains passages surprendront ceux qui ne connaissent du groupe que le limpide « Trova Di Danu », sachez que des mélodies vivifiantes aux rythmiques enlevées, de la voix aigue et assez juvénile de Bruno Maia aux incartades gutturales, la patte de TUATHA DE DANANN constelle le chemin parcouru tout au long de ce « Tingaralatingadun » qui tient lieu de confirmation. Et le « The Delirium Has Just Begun » à venir ne manquerait pas d’entériner le talent supérieur d’un groupe à découvrir de toute urgence ! So, join the Dwarves Rebellion and sing The Battle Song !