Un an et demi après un « Maudat » qui plaçait (enfin) STILLE VOLK parmi les meilleurs groupes de pagan/folk du circuit, les deux pinpins des Pyrénées reviennent, accompagnés de trois autres acolytes ! Mais cette fois-ci, il n’est plus question de folk « pur » (en opposition au folk/ambient utilisant des claviers) mais de métal extrême. HANTAOMA s’avère être la preuve qu’il y a bien une « metalhead » sous le béret de l’ami Patrice Roques (et quoi encore, qui avait douté de ça ?), et surtout, que STILLE VOLK sait évoluer dans un genre différent…
Et Corne de Bouc, c’est du bon tout ça !

Evidemment, la première chose que l’on remarque dans ce « Malombra » est l’empreinte profonde des deux compères du sud. Dès le premier morceau de l’album, « Vent Follet », on reconnaît la même mélodie traditionnelle qui introduisait « Maudat » (de STILLE VOLK pour ceux qui lisent en diagonale), sauf que cette fois-ci, à coup de gros riff heavy ! Après deux trois vocaux black/death, l’instrumentation médiévale typique vient vite reprendre le relais…
Et d’ailleurs de manière générale, les mélodies restent majoritairement menées par les instruments à vents (les guitares sèches et autres bouzoukis et luth étant minoritaires, car relégués par l’accompagnement métallisé). Le groupe n’est pas avare en arrangements et en longues embardées « tape à l’oreille » (« Flama » par exemple) !

La partie métal quant à elle pourrait sans grand mal s’apparenter à une base viking/black épique principalement axée sur les guitares rythmiques et une basse sourde. Indépendamment de l’instrumentation folk, elle reste plutôt moyenne (je n’ai pas dis mauvaise attention !) et la production « gonfle » trop des guitares graves. Elles viennent parfois empiéter sur des passages folk plus orchestraux, ce qui est ma foi bien dommage. Heureusement, ces défauts sont loin d’être majeurs, la partie rythmique intelligemment ficelée et les vocaux froids et acérés de Axon viennent quelque peu rattraper ces petits déboires. Je note au passage que tous les textes sont écrits en Occitan, langue plutôt mélodique, qui sonne de manière très étrange (mais pas déplaisante cependant) dans la bouche de Axon . En revanche, elle convient parfaitement aux chants choeurs, et ajoute un élément d’originalité pour le groupe.

Il n’y a aucun mauvais morceau, toutes les mélodies traditionnelles sont intelligemment exploitées (en revanche il n’y a pas de morceaux magistraux non plus). Parmi mes favoris :
« Maluros », où le chant black se fait des plus imposant, « Para Lo Lop » et « Cançon Dels Saegaires », où les chœurs d’un Patrick Lafforgues toujours aussi excellent et charismatique font « vraiment » mouche. Ces deux morceaux donnent plus que jamais envie de chanter et de danser tout en branlant du chef énergiquement ! Que du bonheur !
Je n’irais pas sans noter également « Negra Sason », très bon intermède non-métallique (pour changer un peu), et enfin « Flama », véritable élancée folk, effrénée et détonante.

Pour un premier album, le résultat est solide, convaincant, pertinent, et surtout original.
« Malombra » est un album de qualité, si on pourra reprocher à HANTAOMA de ne faire ni plus ni moins QUE du STILLE VOLK version métal extrême, on ne pourra pas leur reprocher de le faire mal ! Seul une petite dose de personnalité dans l’ambiance aurait été la bienvenue, pour le moment STILLE VOLK me fait davantage voyager en tant que STILLE VOLK, mais les tendances pourraient bien s’inverser dans les années à venir !