"Blood Run is a sordid soundtrack for the musical masochist". Voilà une phrase on ne peut mieux adapté au style d'Unsane, un des précurseurs du hardcore noisy. Formé en 1989 à New York, Unsane combine à la fois les éléments bruyants du rock alternatif comme pouvait le faire Sonic Youth à l'époque avec l'agressivité du hardcore. En avance sur son temps, Unsane n'a jamais été réellement reconnu à sa juste valeur. Enfin le groupe n'a jamais vraiment explosé commercialement, malgré quelques clips au début des années 90. C'est compréhensible, Unsane n'est pas du genre à verser dans le easy-listening, ni à rechercher le hit-single à tout prix sur chacun de ses albums.

Foncièrement rock, déroutant et bruyant, Unsane encore aujourd'hui n'a pas été rattrapé, ni dépassé par tous les groupes de hardcore bourrin. Leur style demeure unique et inimitable. En écoutant un album comme Blood Run, pas besoin de chercher bien loin d'où vient une des influences d'Entombed dans leur virage "stoner" amorcé depuis To ride, shoot straight and speak the truth. L-G Petrov, le vocaliste d'Entombed, avait abandonné la grosse voix death au profit d'un chant plus hardcore depuis Same Difference. C'est surtout sur Uprising, album un peu lourdingue si il en est, qu'Entombed n'a pas hésité à puiser dans la musique d'Unsane, la ressemblance est frappante. L'influence d'Unsane sur Entombed vient surtout du chanteur, de la lourdeur des tempos, de l'aspect malsain qui se dégage des guitares noisy. La version originale vaut toujours mieux que la copie de toute façon.

Le chant pourra rebuter de nombreuses personnes car il est à l'image de la musique : bruyant. Pourtant, Chris Spencer ne vomit pas dans son micro comme c'est trop souvent le cas des chanteurs et de leurs hurlements stridents insupportables. Son approche reste résolument rock avant tout, ça reste écoutable et on finit par s'y faire. Y'en a bien qui écoute des groupes de death metal ou de black metal malgré des chanteurs atroces (pas tous hein, je précise, merci de m'épargner de commentaires inutiles !).

On pourra juste reprocher à Unsane la linéarité de leurs compos, pas de titres speed ou de ballades pour varier un peu, ce n'est pas le genre de la maison. Nul besoin donc de bourriner comme un porc pour créer une musique violente, bien au contraire. L'expérience Unsane est éprouvante et jouissive à la fois, incontestablement.